La croissance sera vigoureuse au deuxième semestre, après un début d’année marqué par des mesures sanitaires restrictives et les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement qui ont pénalisé l’industrie. L’économie retrouvera ainsi son niveau d’avant crise dès la fin d’année. En 2022, le rattrapage se poursuivra à un rythme proche de celui de cette année, avant que la croissance ne se tasse en 2023, le PIB s’approchant de son niveau potentiel. Cependant, une répétition des mesures de distanciation observées fin 2020 et début 2021 affecterait gravement la trajectoire de croissance sur notre horizon de prévision, comme le prévoit notre scénario de crise prolongé.
Portées par le rebond très vigoureux du commerce mondial et de l’industrie, les exportations se sont rapidement redressées en 2021. En fin d’année, elles auront retrouvé leur niveau de 2019. À plus long terme, la progression des exportations convergerait vers sa moyenne de long terme et l’Allemagne retrouverait des niveaux d’excédent courant proche de ceux d’avant crise. Cependant, la modération de la demande en Europe, l’absence de relance budgétaire d’ampleur en Chine et la fragilisation des économies émergentes par la pandémie font courir le risque d’une croissance plus modeste.
Soutenus par les mesures d’urgence des pouvoirs publics, les revenus d’exploitation des entreprises ont déjà retrouvé leur niveau de 2019, malgré les goulots d’étranglement qui pèsent sur la production. L’endettement n’ayant augmenté que modérément pendant la pandémie et le crédit restant bien orienté, l’investissement aura également convergé à la fin de cette année. À plus long terme, sa croissance sera plus modérée, en ligne avec le tassement de la demande globale. Du côté des ménages, la consommation est restée grevée par de strictes mesures sanitaires jusqu’au début de l’été. Son rebond gagnera en vigueur sur la deuxième moitié de l’année, mais son rattrapage sera plus lent à moyen terme. La baisse du taux d’épargne, qui a fortement augmenté pendant la pandémie, sera graduelle. Notamment, le retour à la normale du marché du travail, avec le débouclage du chômage partiel et l’augmentation de la participation, risque de s’accompagner d’une hausse modérée du chômage et provoquer des comportements de précaution. L’investissement résidentiel, globalement bien protégé de la pandémie grâce au crédit qui est resté dynamique, devrait également se modérer sur l’horizon de prévision, notamment en lien avec la remontée graduelle des taux d’intérêt et une dégradation de la capacité d’endettement qui accompagnera la montée du chômage.
La demande publique a été vigoureuse en 2020-21, consécutivement tirée par l’investissement et la consommation des administrations. À partir de 2022, l’impulsion budgétaire sera néanmoins fortement réduite par le débouclage des mesures d’urgence et l’essentiel des mesures de relance, ramenant le déficit sous le seuil des 3 % et plaçant le ratio de dette publique sur une trajectoire descendante.
Après avoir atteint son pic en 2021 (75 % du PIB, 15 points au-dessus de son niveau de 2019), la dette serait ainsi ramenée à 73 % du PIB en 2023. La forte remontée de l’inflation observée cette année s’estompera en 2022 avec la disparition des effets de base favorables liés au rebond du prix du pétrole et à la baisse temporaire de TVA en 2020. En 2023, l’inflation restera modérée, l’accélération attendue de l’inflation sous-jacente étant compensée par la décélération de l’inflation énergétique en lien avec la modération du prix du pétrole.
La balance des risques entourant notre scénario de croissance s’est améliorée avec le déploiement de la campagne vaccinale et le reflux des tensions commerciales. La hausse des ratios d’endettement ayant été modérée pendant la pandémie, les risques en matière de stabilité financière semblent aussi limités. Sur le plan domestique, une alternance politique dans le sillage des élections législatives de septembre ne bouleverserait pas selon nous la position prudente de l’Allemagne sur l’intégration budgétaire en zone euro.