La Banque centrale européenne (BCE) a relevé jeudi ses prévisions de croissance et d’inflation pour la zone euro tout en s’engageant à maintenir un soutien massif au crédit et à l’activité, dont la diminution risquerait de faire monter les coûts de financement et de compromettre la reprise.
La présidente de l’institution, Christine Lagarde, a expliqué lors d’une conférence de presse que les membres du Conseil des gouverneurs s’étaient mis d’accord pour poursuivre, au troisième trimestre, les achats d’obligations sur les marchés à un rythme « nettement plus élevé » qu’en début d’année, sans toutefois préciser le montant d’achats visé.
« Nous ferons cela au cours des trois prochains mois en fonction des conditions de marché, qui incluent à l’évidence la saisonnalité », a-t-elle expliqué en référence à la baisse de la liquidité observée sur les marchés durant les mois d’été en Europe.
« La conclusion à laquelle nous sommes parvenus, je dirais que c’est ‘une main ferme' », a-t-elle ajouté.
Les achats de titres de la BCE réalisés dans le cadre du Programme d’urgence face à la pandémie (PEPP), doté d’une enveloppe de 1.850 milliards d’euros, représentent actuellement 80 milliards d’euros par mois environ, contre 62 milliards au premier trimestre.
Les investisseurs ont accueilli sans réaction marquée ces décisions, les responsables de la BCE ayant largement balisé le terrain ces dernières semaines en soulignant la nécessité de rester prudent et de ne pas risquer de perturber les marchés par un « tapering », une diminution progressive des interventions.
L’INFLATION EST ENCORE LOIN DE FRÔLER 2%
La banque centrale a aussi réaffirmé que les achats du PEPP – qui court jusqu’en mars 2022 au moins – pouvaient ne pas atteindre l’enveloppe totale prévue mais pouvaient être augmentés en cas de besoin pour maintenir « des conditions de financement favorables ».
Comme attendu, ces décisions s’appuient sur des prévisions de croissance et d’inflation revues à la hausse pour prendre en compte l’amélioration de la situation sanitaire, qui favorise la reprise de l’activité dans les services, le secteur le plus important de la zone euro et le plus affecté par la pandémie de COVID-19.
La BCE table ainsi désormais sur une croissance de 4,6% cette année et de 4,7% l’an prochain (contre 4,0% et 4,1% respectivement en mars). L’inflation devrait parallèlement atteindre 1,9% en 2021 avant de revenir à 1,5% en 2022 (contre 1,5% et 1,2% prévu il y a trois mois).
Mais si elle a évoqué « un léger mouvement à la hausse » pour l’inflation de base, c’est-à-dire hors énergie et alimentation, les catégories de prix les plus volatiles, Christine Lagarde a souligné que les perspectives d’inflation restaient contenues et que la hausse des prix restait bien inférieure à l’objectif de la BCE, soit un taux légèrement inférieur à 2% en rythme annuel.
« Nous sommes loin de notre objectif ultime. Nous n’avons certainement pas atteint le niveau que nous aimerions avoir atteint une fois la pandémie terminée », a-t-elle dit.
Les risques entourant les perspectives économiques sont « globalement équilibrés » a-t-elle précisé.