BNP Paribas travaille avec des banques conseil pour étudier une possible vente de sa filiale américaine Bank of the West alors que la banque française cherche à se retirer du marché américain de la banque de détail où elle a bataillé pour concurrencer des rivaux plus gros et mieux capitalisés, ont dit à Reuters trois sources au fait du dossier.
L’établissement bancaire, qui a détrôné l’an dernier la britannique HSBC comme premier groupe bancaire européen par la taille du bilan, envisage de se séparer de sa filiale de banque de détail basée en Californie dans une transaction pouvant valoriser Bank of the West jusqu’à 15 milliards de dollars (13,10 milliards d’euros), ont indiqué les sources.
Selon ces sources, la transaction permettrait à Jean-Laurent Bonnafé, le directeur général de BNP Paribas, de lever des ressources financières pour son expansion en Europe où la Banque centrale européenne a appelé le secteur bancaire à la consolidation pour rattraper les banques américaines et chinoises en termes de rentabilité.
Les banques américaines JPMorgan et Goldman Sachs travaillent sur une cession de l’entité et ont travaillé en étroite collaboration avec BNP Paribas pour sonder l’appétit d’éventuels acquéreurs, ont ajouté les sources, précisant que les discussions ne faisaient que commencer et qu’il n’était pas certain qu’une transaction aboutisse.
A la Bourse de Paris, l’action BNP Paribas s’adjugeait près 4% à 61,49 euros à 13h53, après les informations de Reuters.
JPMorgan, qui a conseillé la banque espagnole BBVA pour la vente de ses activités américaines à PNC Financial Services Group, a été la première banque conseil à être mandatée cet été, a précisé l’une des sources.
BNP Paribas n’était pas disponible dans l’immédiat pour commenter tandis que JPMorgan et Goldman Sachs ont refusé de commenter ces informations.
BNP Paribas a longtemps considéré PNC Financial Services comme un candidat idéal pour le rachat de Bank of the West et a été attirée par le prix payé pour l’acquisition des activités de BBVA qui a représenté 20 fois les bénéfices de 2019, a expliqué une source.
Mais désormais, avec PNC Financial Services occupé à intégrer sa dernière acquisition, BNP Paribas se retrouve avec un plus petit groupe de repreneurs potentiels, qui comprend des banques canadiennes et des acteurs locaux américains.
La Banque Toronto-Dominion et la Banque de Montréal feraient partie des prétendants potentiels, tout comme KeyCorp, un groupe basé dans l’Ohio, ont précisé deux des sources.
La Banque Toronto-Dominion, qui a déjà des activités de banque de détails sur la côte est des Etats-Unis, dispose des ressources financières issues de la vente pour 26 milliards de dollars du courtier TD Ameriprise à Charles Schwab.
Et son directeur général Bharat Masrani a déclaré en mai que la banque était ouverte aux opportunités de fusion-acquisition.
De son côté, la direction de la Banque de Montréal a fait part de son souhait de développer la présence de la banque aux États-Unis et indiqué que le groupe serait en mesure de proposer à BNP Paribas une transaction en numéraire alors que KeyCorp devrait plutôt procéder à une transaction par échange de titres.
Royal Bank of Canada est quant à elle déjà propriétaire de City National Bank, le neuvième banque de Californie en termes de dépôts, selon les données de la Federal Deposit Insurance Corporation.
PNC Financial Services, la Banque de Montréal, la Banque Toronto-Dominion, KeyCorp et Royal Bank of Canada n’étaient pas disponibles dans l’immédiat pour commenter.
Le mois dernier, lors de la publication des résultats du troisième trimestre, Lars Machenil, le directeur financier de BNP Paribas, avait dit aux analystes que la banque gardait les « yeux ouverts » sur d’éventuelles opérations de consolidation pouvant concerner Bank of the West.