La ligne directrice pour la révision des règles budgétaires de l’Union européenne est de trouver un équilibre entre les investissements importants nécessaires au bloc communautaire et un rythme réaliste de réduction de la dette, a déclaré mardi le ministre français de l’Economie et des Finances.
Bruno Le Maire, qui présidait à Bruxelles une réunion des ministres des Finances des Vingt-Sept, a déclaré que les débats sur les modifications à apporter au Pacte de stabilité n’opposaient désormais plus les camps « frugal » et « dépensier », comme lors de la crise de la dette souveraine il y a dix ans.
« Le débat entre les frugaux et les moins frugaux est un débat ancien, nous avons dépassé cela. Personne ne dit que nous avons besoin de revenir tout de suite à une discipline budgétaire stricte. Cela est impossible, cela tuerait la croissance », a-t-il dit à l’issue de la réunion.
Désormais, les discussions concernent « l’équilibre que nous devons trouver entre investissements et retour à des finances publiques saines », a-t-il ajouté en conférence de presse. « Nous voulons tous des investissements (…) Nous voulons aussi tous réduire la dette ».
Bruno Le Maire a assuré qu’il n’y avait aucune divergence entre la France et l’Allemagne sur le sujet.
Au début de la pandémie de COVID-19, les dirigeants de la zone euro se sont mis d’accord sur une suspension, jusqu’en 2023, de l’application des règles du Pacte de stabilité.
Ces règles font désormais l’objet d’un examen car devenues obsolètes avec les recours accrus à l’emprunt dans l’UE face à l’impact économique de la crise sanitaire.
En parallèle, la lutte contre le changement climatique nécessite d’importants investissements publics et privés sur plusieurs décennies, ce qui, aux yeux d’un grand nombre, doit être mis en exergue dans les nouvelles règles budgétaires.
Le nouveau ministre des Finances allemand, Christian Lindner, a dit être ouvert à des modifications du Pacte de stabilité, bien que son parti libéral-démocrate (FDP) soit considéré comme le plus conservateur au sein de la coalition gouvernementale à Berlin.
« Non, je ne suis pas un faucon effrayant – je suis un faucon amical », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse distincte. « Je suis réceptif aux arguments et l’Allemagne veut faire partie de la solution, pas du problème ».
« A l’avenir, nous devons rassembler les idées de croissance et de stabilité et viabilité des finances publiques », a-t-il ajouté devant les journalistes.
Il n’y a aucun débat sur la nécessité de réduire la dette, a indiqué Bruno Le Maire. « La vraie question, c’est à quel rythme », a-t-il dit, mettant en exergue le fait que la crise sanitaire a exacerbé les écarts dans les niveaux de dette publique entre certains pays de l’UE.
L’autre défi majeur, selon le ministre français, est l’investissement. La Commission européenne estime que plus de 500 milliards d’euros annuels au cours des dix prochaines années seront nécessaires à l’UE pour transformer son économie afin de respecter son objectif de neutralité carbone d’ici 2050.
« Nous avons besoin d’investissements privés pour cela, les investissements publics ne suffiront pas, ils doivent servir de levier », a-t-il dit.