Caixabank a annoncé vendredi l’acquisition de Bankia, contrôlée par l’Etat espagnol depuis son sauvetage en 2012, pour 4,3 milliards d’euros dans le cadre d’une opération intégralement en actions confirmant l’amorce d’un mouvement de consolidation du secteur bancaire européen.
Cette acquisition va donner naissance au plus grand groupe bancaire d’Espagne par les actifs avec une capitalisation boursière cumulée de plus de 16 milliards d’euros. Elle doit permettre des synergies annuelles de 770 millions d’euros.
Elle intervient alors que les banques européennes, déjà confrontées depuis plusieurs années à un environnement de taux très bas, doivent désormais faire face également à la menace d’une détérioration de leurs bilans avec la crise du coronavirus, qui fragilise la situation de leurs clients.
Ces pressions les poussent à envisager des rapprochements, essentiellement nationaux pour l’instant, à l’image de l’offre d’Intesa Sanpaolo sur UBI en Italie ou des réflexions engagées par l’espagnole Sabadell.
Caixabank et Bankia n’ont pas précisé les conséquences de leur fusion sur l’emploi alors que les syndicats craignent des suppressions de postes et des fermetures de sites de la part du futur groupe, qui emploie plus de 51.000 personnes et dispose de plus de 6.300 agences en Espagne.
LA FUSION POURRAIT FACILITER LE DÉSENGAGEMENT DE L’ETAT
Présenté comme un projet de fusion, cette opération a plutôt les allures d’un rachat de Bankia par Caixabank, qui est près de trois fois plus grosse en termes de capitalisation boursière et dispose de près de deux fois plus d’actifs sous gestion.
Les actionnaires de Caixabank détiendront quasiment les trois quarts du futur ensemble (74,2%) et ceux de Bankia le solde.
Bankia a été sauvée en 2012 à l’aide de 22,4 milliards d’euros de fonds publics, dont elle n’a restitué pour l’instant que 3,3 milliards. Pour les analystes, l’Etat devrait plus facilement récupérer son argent avec une entité plus grande.
Caixabank propose 0,6845 nouvelle action pour chaque titre Bankia, valorisé 1,41 euro.
Ce prix représente une prime de 20% sur le cours de clôture de l’action Bankia le 3 septembre, avant les premières fuites sur le projet, et de 28% par rapport au cours moyen des trois derniers mois.
L’action Bankia, qui a pris près de 40% depuis que le projet de fusion a émergé, reculait de plus de 2,5% à 1,40 euro en fin de matinée à Madrid, alors que le titre Caixabank, qui a grimpé d’environ 14% sur la même période, était stable.
Les deux banques pensent atteindre un ratio de fonds propres (“fully-loaded core Tier 1”) d’environ 11,3% au premier trimestre suivant la finalisation de leur fusion attendue au cours des trois premiers mois de 2021.
Le siège du futur groupe se trouvera à Valence. Le directeur général de Caixabank, Gonzalo Gortazar, assumera les mêmes fonctions à la tête de la nouvelle entité tandis que le président sera celui de Bankia, Jose Ignacio Goirigolzarri.