L’économie de la zone euro traverse une période de turbulences marquée par des chocs exceptionnels. Ces perturbations, liées au commerce, à la défense et au climat, risquent d’intensifier la volatilité de l’inflation et de renforcer la menace d’une hausse persistante des prix. C’est l’avertissement lancé mercredi par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), lors de la conférence « ECB and its Watchers » à Francfort.
Une incertitude accrue pour la politique monétaire
Face à ces chocs, la BCE peine à préciser ses orientations en matière de politique monétaire. Cependant, l’institution monétaire doit redoubler d’efforts pour atteindre son objectif d’inflation de 2 % tout en éclairant les marchés sur sa stratégie de réaction aux fluctuations économiques. « Nos attentes ont été balayées ces dernières années, et tout particulièrement ces dernières semaines », a déclaré Christine Lagarde. « Nous avons assisté à des décisions politiques qui auraient été impensables il y a seulement quelques mois. »
Depuis juin, la BCE a procédé à six baisses consécutives des taux d’intérêt, mais elle n’a pas fourni d’indications claires sur l’orientation future de sa politique. Cette absence de précision entretient une incertitude accrue, notamment dans un contexte de bouleversements économiques et politiques marqués par l’administration du président Donald Trump.
Les conséquences de la fragmentation des échanges commerciaux
L’un des facteurs majeurs de cette incertitude réside dans la fragmentation des échanges commerciaux. Ce phénomène est susceptible de provoquer des variations de prix plus marquées et plus imprévisibles. Par ailleurs, l’augmentation des dépenses de défense prévue en Europe pourrait accentuer la pression inflationniste. Toutefois, Christine Lagarde nuance ce constat en soulignant que ces chocs pourraient également se neutraliser mutuellement et atténuer les tensions sur les prix.
L’inflation réagit souvent de manière disproportionnée aux grands chocs économiques. Associé à la dynamique actuelle des salaires, ce mécanisme pourrait entraîner des problèmes d’inflation persistants. « Si une telle tarification dépendante de l’État devient la norme lorsque l’économie est frappée par des chocs importants, mais que la fréquence de fixation des salaires reste inférieure à celle de l’ajustement des prix, nous pourrions voir l’inflation devenir plus persistante », a mis en garde la présidente de la BCE.
La BCE face à ses limites
Si Christine Lagarde n’a pas proposé de solution concrète pour contrer ces risques, elle a insisté sur la nécessité pour la BCE d’être transparente sur ce qu’elle peut et ne peut pas faire. « Nous pouvons être clairs sur notre fonction de réaction, et notamment sur la manière dont nous sommes susceptibles d’être affectés par l’évolution des circonstances et sur le type de données que nous examinerons », a-t-elle expliqué.
Toutefois, elle a précisé que la BCE ne pouvait pas garantir un maintien permanent de l’inflation à 2 %, ni fournir des indications précises sur l’orientation future de sa politique. Dans un contexte où les chocs économiques se multiplient, l’institution monétaire européenne doit jongler entre incertitudes et attentes des marchés, tout en conservant son cap vers la stabilité des prix.