La pandémie ayant renvoyé les politiques d’austérité aux oubliettes de l’histoire, les pays européens semblent prêts à dépenser sans compter pour sortir de la récession et revenir à un semblant de normalité.
Même si les sommes consacrées à la relance se comptent en plusieurs milliers de milliards d’euros, ces chiffres astronomiques recouvrent des réalités très différentes en fonction des pays.
Pour résumer, les pays riches du Nord sont en mesure de soutenir des pans entiers de leur économie avec des liquidités qu’ils ne devront jamais rembourser tandis que ceux du Sud, plus pauvres, dépendent davantage d’aides à court terme sous forme de prêts et d’exonérations fiscales temporaires.
Si le fonds commun de relance européen a pour objectif de réduire les inégalités et maintenir l’écart de richesse à son niveau actuel, les différences nationales prévalent en attendant la mise à disposition des 750 milliards d’euros qui seront redistribués seulement à partir de l’année prochaine.
Le centre européen d’études économiques Bruegel a évalué le montant total du soutien non remboursable offert par l’Allemagne à ses entreprises et ses citoyens à 8,3% de la production économique du pays – non loin des 9,1% aux États-Unis.
Ce montant intègre 100 milliards d’euros pour recapitaliser et acheter des participations dans les entreprises impactées par le coronavirus, 23,5 milliards de subventions pour les salariés en chômage partiel et 18 milliards de subventions directes aux petites entreprises en difficulté.
Face à ces chiffres, les montants proposés pour secourir les économies frappées par la crise de la dette souveraine en 2009 semblent presque dérisoires : l’aide économique directe au Portugal ne représentait que 2,5% de la production du pays, 3,1% pour la Grèce, 3,7% pour l’Espagne et 3,4% pour l’Italie.
Rome a consacré 220 milliards d’euros aux entreprises afin qu’elles puissent reporter le remboursement de leurs échéances de dette, mais la question se reposera pour elles exactement dans les mêmes termes fin janvier.
Confronté au même problème, le gouvernement espagnol a mis en place un plan similaire d’un montant de 140 milliards d’euros, mais les reports accordés par les banques vont également arriver prochainement à leur terme.
L’annonce, vendredi dernier, d’une croissance record de l’activité économique dans la zone euro au troisième trimestre ne change pas grand chose à l’histoire, puisqu’elle est intervenu avant la deuxième vague de coronavirus en octobre, qui risque de casser de nouveau la fragile reprise de la croissance.