Orange convoquera mercredi un conseil d’administration pour discuter de la gouvernance du groupe dans les heures qui suivront l’arrêt de la Cour d’appel de Paris à l’encontre de son PDG Stéphane Richard dans l’affaire « Tapie », a-t-on appris de trois sources proches du dossier.
Stéphane Richard, qui nie toute infraction, est accusé de complicité d’escroquerie et de détournement de fonds publics dans le processus d’arbitrage à l’issue duquel le désormais défunt Bernard Tapie avait reçu quelque 400 millions d’euros en 2008.
A l’époque, Stéphane Richard était le directeur de cabinet de la ministre de l’Economie Christine Lagarde, laquelle est désormais à la tête de la Banque centrale européenne (BCE). Lagarde fut condamnée en 2016 pour négligence dans cette affaire.
Le procureur a requis une peine d’emprisonnement de trois ans, dont deux avec sursis, à l’encontre de Stéphane Richard pour son implication présumée dans le versement contesté effectué par l’Etat pour régler le litige entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais. Une amende de 100.000 euros a aussi été demandée.
Une éventuelle condamnation pourrait précipiter la fin de la carrière de Stéphane Richard chez Orange, dont il a été nommé directeur général en 2010.
Les sources ont déclaré que le conseil d’administration du leader français des télécoms tiendrait une réunion sur sa gouvernance quelle que soit la décision de la Cour d’appel de Paris.
D’après ces sources, le conseil d’administration a déjà recruté le chasseur de tête Spencer Stuart pour que celui-ci commence à sonder de possibles successeurs à Stéphane Richard à la tête du groupe, ont dit les sources.
Stéphane Richard, qui assure avoir effectué son travail et n’avoir joué qu’un rôle secondaire dans le processus d’arbitrage, fut acquitté à l’issue du premier procès tenu en 2019, lors duquel il fut systématiquement présent aux audiences alors que l’affaire a suscité une forte attention médiatique.
Il a assisté à la quasi totalité des audiences à la Cour d’appel, qui doit aussi prononcer un arrêt contre quatre autres accusés.
L’ancien fonctionnaire a déjà déclaré dans la presse qu’il ne s’accrocherait pas à son poste de PDG à l’issue de son mandat actuel de quatre ans, qui prend fin en mai 2022, mais qu’il souhaitait rester à la présidence d’Orange.
Son souhait pourrait s’avérer vain dans l’hypothèse d’une lourde condamnation judiciaire. Le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a répété par le passé la position du gouvernement: les patrons des groupes publics doivent démissionner en cas de condamnation.