La croissance économique française a pour l’instant bien résisté à l’envolée des prix de l’énergie provoquée par le conflit militaire en Ukraine mais la confiance des entreprises et des ménages se dégrade rapidement, estime l’Insee dans sa note de conjoncture mercredi.
L’institut n’a pas modifié sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre, qui reste à 0,3% après 0,7% sur les trois derniers mois de 2021, « avec toutefois plus d’incertitude qu’à l’accoutumée, notamment pour mars ».
La baisse des dépenses de consommation des ménages due à la vague Omicron de l’épidémie de COVID-19 et de soldes d’hiver « atones » devrait en effet être compensée sur janvier-mars par l’augmentation de la dépense publique liée à la crise sanitaire et à celle de l’investissement des entreprises exigée par la reconstitution des stocks, explique l’Insee.
Mais l’impact économique de la crise ukrainienne, s’il reste limité au premier trimestre, devrait s’amplifier au fil du temps, principalement par le biais des prix de l’énergie, ajoute-t-il.
Si ces derniers se maintenaient jusqu’à la fin de l’année aux niveaux observés début mars, la perte d’activité pourrait ainsi atteindre près d’un point de PIB sur l’ensemble de 2022 par rapport au niveau prévisible en l’absence de conflit.
Les premiers résultats des enquêtes de conjoncture de mars intégrés dans la note montrent « un assombrissement marqué des perspectives de production » dans l’industrie mais aussi une dégradation dans le commerce de gros et certains services.
Les dirigeants d’entreprise s’attendent en outre à une nette augmentation des tensions sur les prix, à l’exception notable du secteur des services. En revanche, l’impact du conflit en Ukraine sur l’emploi devrait rester limité.
Les ménages, eux, anticipent une nette dégradation du niveau de vie général en France et une hausse marquée des prix, poursuit l’Insee.
Il prévoit que l’inflation en France passera de 3,6% sur un an en février à 4,2% en mars et estime qu’elle pourrait atteindre 4,5% au deuxième trimestre.
Sans le « bouclier tarifaire » mis en place par le gouvernement sur les prix de l’électricité et du gaz, l’inflation aurait déjà dépassé 5% en février, selon les calculs de l’institut.