Au quatrième trimestre 2017, selon l’estimation provisoire de l’INSEE, le taux de chômage français a reculé de 0,7 point, à 8,9% : une baisse de cette ampleur, sur un seul trimestre, c’est du jamais vu. Le taux de chômage retrouve ainsi son plus bas niveau depuis 2009 ou, meilleure référence, 2005. Et il repasse sous sa moyenne de long terme de 9,2%, qui correspond aussi à l’estimation de la Commission européenne du chômage structurel.
Mesuré sur un an, le recul du taux de chômage atteint 1,1 point. C’est aussi une baisse d’ampleur peu courante, atteinte, par le passé, seulement en fin de cycle, en 2000-2001 et en 2008. Est-ce à dire que le cycle en cours, qui entre dans sa sixième année (après quatre années de croissance molle et une seule, 2017, de croissance élevée), approche déjà de la fin et que la récession guette ? Ce n’est pas notre diagnostic.
Il faut, d’abord, compter avec la volatilité des données et s’attendre à ce que cette forte baisse du quatrième trimestre soit suivie d’une correction. Ensuite, cette forte baisse donne une image de la situation plus flatteuse qu’elle ne l’est en réalité. Elle repose, en effet, sur la combinaison particulièrement favorable d’une stabilité de la population active et d’une forte progression de l’emploi, qui elle-même ne cadre pas avec les autres statistiques de créations d’emplois, moins dynamiques.
La forte baisse du chômage au quatrième trimestre 2017 n’est, finalement, pas plus représentative de la tendance que sa remontée au troisième trimestre. La moyenne de ces deux trimestres permet de mieux dégager cette tendance, soit un recul de 0,3 point du taux de chômage, soit la même baisse qu’au premier semestre 2017.
Pour terminer, l’économie française ne donne pas de signes avant-coureurs forts d’une fin de cycle imminente. Certes, on observe des premières tensions sur les capacités de production et des difficultés de recrutement. Mais elles doivent encore se généraliser, s’accentuer et se transmettre aux prix, avant de craindre d’abord la surchauffe et ensuite la récession. Nous n’en sommes pas encore là.
Sauf choc majeur, le taux de chômage français n’a donc pas fini de baisser. Jusqu’où, c’est la question. Il lui reste, en tout cas, de la marge pour retrouver ses précédents points bas (7,2% début 2008 ; 7,7% mi-2001) et, pourquoi pas, descendre plus bas encore avec l’aide des réformes en cours.