L’économie a enregistré une croissance trimestrielle de 2,7% au T2-21, grâce à un rebond marqué de la consommation des ménages après deux trimestres de restrictions sanitaires. L’introduction du pass sanitaire et la vaccination de 70% de la population permettront de stimuler l’activité au second semestre, et la croissance est attendue à 5,5% en 2021. Toutefois, ce rebond de l’activité ne permettra pas un retour immédiat au niveau de PIB pré-crise. Il faudra attendre le T3-22 pour que l’activité retrouve son niveau de fin 2019.
Malgré la baisse du taux de chômage (9,7% en juin 2021), le nombre de personnes en emploi reste inférieur de 500 000 à celui de fin 2019. Ceci est lié à une forte baisse du taux d’activité : 600 000 personnes sont en effet sorties de la population active depuis le début de la pandémie. Le retour de l’emploi à son niveau pré-crise n’interviendra pas avant fin 2023. L’arrivée de l’été devrait permettre davantage d’interactions en plein air et la poursuite des programmes de vaccination. Ceci devrait favoriser la levée progressive des restrictions et renforcer le moral des consommateurs à partir du milieu d’année. L’utilisation de l’épargne « forcée » durant le confinement stimulera en outre la consommation des ménages. Toutefois, la prudence persistante des consommateurs et la répartition inégale de l’épargne forcée entre les catégories de revenus freineront la reprise des dépenses au-delà du redémarrage initial.
Après s’être effondrés en 2020, les voyages à l’étranger reprendront au cours du second semestre, soutenant ainsi le secteur du tourisme qui représente 13% du PIB, une part supérieure à la moyenne européenne (environ 5% du PIB). Toutefois, les flux touristiques ne devraient pas retrouver leurs niveaux pré-crise : 33 Mn de touristes étrangers sont attendus cette année, contre 100 Mn en 2019, d’après les projections de la Fédération italienne du tourisme.
À moyen terme, les perspectives de croissance seront portées par le Plan National de Relance et de Résilience (PNRR), doté de 222 Mds EUR (12,4% du PIB) sur cinq ans. Son orientation marquée vers la transition écologique (45%) et la digitalisation (37%) stimulera les dépenses d’investissement à court terme, qui à leur tour auront des effets positifs sur le PIB potentiel à long terme. Si l’effet en 2021 sera encore peu perceptible, il stimulerait fortement la croissance en 2022, estimée à 3,5%.
La baisse inattendue du taux de chômage en 2020 est liée à la baisse sans précédent du taux d’activité, de nombreuses personnes ayant stoppé leur recherche d’emploi pendant le confinement. La poursuite des destructions d’emploi en 2021 combinée au redressement de la population active entraîneront des pressions haussières sur le taux de chômage en 2022, qui s’élèvera à 10,7% dans le scénario central et à 11,2% dans le scénario prolongé.
Le ratio de dette publique devrait se stabiliser progressivement. En effet, la baisse attendue des mesures de chômage partiel (décret « Cura Italia ») côté dépenses et l’augmentation des rentrées fiscales (lié à la reprise de l’activité) côté recettes favoriseront la stabilisation du ratio de dette. Au-delà, le plan de relance record (222 Mds EUR) ne dégradera pas davantage les finances publiques. Il sera financé en grande majorité par les ressources de l’instrument Next Generation EU, dont 68,9 Mds de subventions et 122,6 Mds de prêts mutualisés. La dette publique devrait se stabiliser autour de 156% du PIB en 2022/2023.
La dernière crise politique italienne a été résolue avec la nomination au poste de Premier ministre mi-février de Mario Draghi. Son gouvernement d’union nationale, soutenu par la quasi totalité des partis politiques, devrait être maintenu jusqu’ aux prochaines élections législatives de juin 2023. L’espoir est qu’il puisse utiliser cette fenêtre pour convaincre les partenaires européens de l’Italie de la nécessité d’une meilleure gouvernance fiscale au sein de l’UE et peut-être même d’outils fiscaux conjoints permanents, tout en convainquant l’électorat italien des mérites d’une réforme structurelle qui, historiquement, s’est souvent avérée impopulaire. La réussite du gouvernement Draghi sera déterminante en vue du prochain scrutin, qui pourrait voir sinon une alliance eurosceptique diriger l’Italie en 2023.