L’économie allemande, déjà affaiblie par deux années de contraction, se trouve face à un nouveau défi de taille : la possible imposition de droits de douane américains. Joachim Nagel, président de la Bundesbank, a tiré la sonnette d’alarme lundi, soulignant que ces barrières commerciales pourraient entraver considérablement la croissance du pays dans les années à venir.
Une vulnérabilité liée à l’exportation
L’Allemagne, fortement dépendante de ses exportations, est particulièrement exposée aux fluctuations du commerce international. « Notre forte orientation vers l’exportation nous rend particulièrement vulnérables », a expliqué M. Nagel. Selon ses prévisions, si les mesures tarifaires évoquées par l’ancien président américain étaient mises en œuvre, la production économique allemande en 2027 pourrait être inférieure de près de 1,5 point de pourcentage aux prévisions actuelles.
Des perspectives de croissance assombries
La Bundesbank prévoit déjà une croissance modeste de 0,2 % en 2025 et de 0,8 % en 2026. Dans ce contexte, une réduction de 1,5 % sur trois ans pourrait plonger l’Allemagne dans une récession plus profonde, fragilisant davantage son industrie et compromettant toute reprise économique.
Des conséquences négatives pour les États-Unis
Paradoxalement, ces droits de douane ne seraient pas sans conséquences pour les États-Unis eux-mêmes. « Contrairement à ce qu’affirme le gouvernement américain, les conséquences des tarifs douaniers devraient être négatives pour les États-Unis », a souligné M. Nagel. L’augmentation des coûts des matières premières et la diminution du pouvoir d’achat des consommateurs américains pourraient annuler tout avantage concurrentiel pour l’industrie locale.
Un risque pour la croissance mondiale
Fabio Panetta, gouverneur de la banque centrale italienne, partage cette inquiétude. Il estime que si les droits de douane envisagés étaient appliqués, suivis de mesures de rétorsion, la croissance du PIB mondial pourrait chuter de 1,5 point de pourcentage. L’économie américaine, quant à elle, subirait un recul encore plus important, de l’ordre de 2 points de pourcentage.
Un avantage pour la Chine ?
Un autre risque majeur identifié par M. Panetta concerne le repositionnement des entreprises chinoises. Exclues du marché américain, elles pourraient se tourner vers l’Europe, renforçant la concurrence et menaçant les producteurs européens.
Des incertitudes sur l’inflation en Allemagne
L’impact des droits de douane sur l’inflation en Allemagne reste incertain. Deux scénarios sont envisagés : un effet mineur ou une forte augmentation des pressions inflationnistes, en raison de la répercussion des tarifs de rétorsion sur les consommateurs et de la faiblesse de l’euro, qui pourrait renchérir le coût des importations.
Une stratégie d’adaptation nécessaire
Face à ces perspectives, l’Allemagne, comme l’ensemble de l’Europe, doit se préparer à limiter l’impact de ces mesures protectionnistes. La réduction de la dépendance aux exportations et la diversification des marchés pourraient être des pistes à explorer pour préserver la stabilité économique du pays.