L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a revu à la hausse ses prévisions de demande mondiale de pétrole à moyen et long terme et estime que 14.000 milliards de dollars d’investissements sont nécessaires pour y répondre, malgré le développement des carburants renouvelables et l’usage accru des véhicules électriques.
Les prévisions de l’Opep dans ses perspectives mondiales en matière de pétrole pour cette année contrastent avec celles d’autres institutions, dont l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui estiment que la demande pourrait atteindre son pic au cours de cette décennie.
Une demande soutenue de pétrole pendant encore au moins dix ans serait bien vue par l’Opep, alors que l’économie de ses 13 membres dépend en grande partie des revenus tirés des extractions de brut.
L’organisation soutient que le pétrole devrait faire partie de la transition énergétique et salue les décisions de certains Etats et entreprises de mettre un coup de frein à l’abandon des combustibles fossiles.
« Les développements récents ont conduit l’équipe de l’Opep à réévaluer ce que chaque énergie peut apporter, en se concentrant sur des options et des solutions pragmatiques et réalistes », écrit le secrétaire général de l’Organisation, Haitham al Ghais, dans la préface du rapport.
« Les appels à l’arrêt des investissements dans de nouveaux projets pétroliers sont malavisés et pourraient conduire à un chaos énergétique et économique », ajoute-t-il, estimant les investissements nécessaires dans le secteur pétrolier à 14.000 milliards de dollars jusqu’en 2045, contre une estimation de 12.100 milliards de dollars l’an dernier.
S’exprimant à Ryad, lors de la présentation du rapport de l’Opep, Haitham al Ghais a souligné que l’action climatique ne devrait pas se faire au détriment de la sécurité énergétique mondiale.
« Au cours de l’année écoulée, ce qui est clair, c’est que nous avons vu les populations exprimer leurs inquiétudes quant aux coûts et aux avantages réels des objectifs de zéro émission nette », a-t-il déclaré.
« Certains continuent malheureusement de promouvoir un discours extrêmement risqué consistant à rejeter le pétrole en parlant d’une demande pétrolière en baisse de près de 25 millions de barils par jour d’ici 2030 », a-t-il ajouté.
L’Opep prévoit que la demande mondiale de pétrole, tirée par la Chine, l’Inde, d’autres pays d’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient, atteindra 116 millions de barils par jour (bpj) d’ici 2045, soit environ 6 millions de bpj de plus que prévu dans le rapport publié l’an dernier.
Le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, a déclaré la semaine dernière que la consommation mondiale de charbon, de pétrole et de gaz naturel pourrait atteindre un plateau avant 2030.
UNE DEMANDE ROBUSTE CETTE ANNÉE
L’Opep a également revu à la hausse ses prévisions de demande à moyen terme jusqu’en 2028, anticipant une demande robuste cette année malgré des éléments défavorables comme les hausses de taux d’intérêt.
« Malgré ces perspectives, la demande de pétrole s’est avérée résistante en 2023 », peut-on lire dans le rapport.
La demande mondiale en 2028 atteindra 110,2 millions de bpj, indique l’Opep, contre 102 millions de bpj cette année, précise l’organisation, qui prévoit que l’usage du pétrole en 2027 passera à 109 millions de bpj, contre 106,9 millions de bpj dans l’estimation de 2022.
Alors que la version 2022 du rapport de l’Opep prévoyait que la demande mondiale de pétrole atteindrait un sommet après 2035, les dernières perspectives prévoient que la consommation de pétrole augmentera encore de 1,6 million de bpj au cours des dix années suivant cette échéance.
En 2045, il y aura 2,6 milliards de véhicules sur les routes à travers le monde, soit un milliard de plus qu’en 2022, selon les prévisions de l’Opep. Plus de 72% de ces véhicules seront propulsés par un moteur à combustion, même si la part des véhicules électriques connaîtra la plus forte croissance, estime l’organisation.