La Banque centrale européenne (BCE) pourrait ne pas disposer en décembre de toutes les données nécessaires pour arrêter une position définitive sur l’évolution de l’inflation et doit donc conserver des marges de manœuvre au-delà de cette échéance, montre le compte rendu de la réunion d’octobre publié jeudi.
Le Conseil des gouverneurs a laissé sa politique monétaire inchangée le 28 octobre et exclu une hausse de taux en 2022 mais la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a reconnu lors de sa conférence de presse que l’inflation resterait élevée plus longtemps que prévu en raison des goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement et des prix toujours élevés de l’énergie.
« Il a été souligné que les données disponibles en décembre ne répondraient pas à toutes les incertitudes entourant les perspectives d’inflation à moyen terme », précise le compte rendu.
« Il a été jugé important que le Conseil des gouverneurs conservent suffisamment d’options pour permettre des mesures de politique monétaires à l’avenir, y compris au-delà de sa réunion de décembre. »
Les dirigeants de la BCE pourraient décider à l’issue de leur réunion du 16 décembre de mettre fin d’ici mars au Programme d’achats d’urgence contre la pandémie (PEPP), le dispositifs de rachats d’obligations sur les marchés mis en œuvre en mars 2020 et doté au total de 1.850 milliards d’euros, tout en gardant la possibilité d’amplifier d’autres dispositifs d’achats.
Même si la majeure partie des membres du Conseil semblent s’accorder sur le fait que l’accélération de l’inflation, aujourd’hui plus de deux fois supérieure à l’objectif de 2% que s’est fixé la BCE, reste temporaire, ils sont divisés sur le rythme auquel ce phénomène évoluera.
Les plus accommodants arguent du fait que l’inflation diminuera d’elle-même une fois que les multiples facteurs exceptionnels qui l’ont dopée se dissiperont et soulignent que la croissance des salaires reste faible.
Les plus orthodoxes, eux, jugent que la hausse des prix, bien que temporaire, finira par entraîner celle des salaires, ce qui risquerait d’installer durablement l’inflation au-dessus de l’objectif visé.
Les « colombes » sont néanmoins majoritaires au sein des 25 membres du Conseil et les déclarations récentes de Christine Lagarde suggèrent qu’elle penche de leur côté.
Les deux camps s’accordent toutefois sur le fait qu’il serait prématuré de relever les taux dès 2022, leurs divergences portant principalement sur la politique à mener l’an prochain en matière d’achats de titres.
Notant que les marchés financiers « pourraient s’interroger sur la crédibilité des indications sur l’évolution future de la politique monétaire du Conseil des gouverneurs », la « forward guidance », le compte rendu explique que « dans ce contexte, il a été souligné que le Conseil des gouverneurs devait réaffirmer (…) sa détermination à agir fermement et durablement ».