La Banque centrale européenne (BCE) a laissé sa politique monétaire inchangée jeudi, comme attendu, et confirmé son intention de maintenir un soutien important à l’économie en dépit de l’accélération de l’inflation, qui dépasse largement son objectif comme ses prévisions.
Le taux de refinancement reste fixé à zéro, le taux de la facilité de dépôt à -0,5% et le taux de la facilité de prêt marginal à 0,25%.
La BCE avait annoncé en décembre qu’elle mettrait fin en mars aux achats d’obligations qu’elle réalise dans le cadre du Plan d’urgence face à la pandémie (PEPP) lancé en mars 2020, une premier pas vers le retrait des mesures exceptionnelles mises en œuvre pendant la crise sanitaire.
Mais pour limiter l’impact de cette décision, elle avait simultanément décidé de doubler temporairement les achats menés dans le cadre du dispositif APP, plus ancien.
Dans ces conditions, une hausse de taux serait largement prématurée aux yeux de la plupart des observateurs, même si la donne est compliquée par la vigueur de l’inflation, qui a atteint 5,1% sur un an dans la zone euro en janvier, un record, selon l’estimation donnée mercredi par Eurostat.
La seule modification apportée au communiqué de politique monétaire par rapport à celui de décembre est le retrait de la mention selon laquelle la politique monétaire pourrait être ajustée « à la hausse ou à la baisse ».
« Le Conseil des gouverneurs se tient prêt à ajuster l’ensemble de ses instruments, de façon adéquate, pour assurer que l’inflation se stabilise au niveau de son objectif de 2% à moyen terme », explique-t-il simplement.
LE DÉBAT SUR L’INFLATION CONTINUE
« En période de tensions, la flexibilité demeurera un élément de la politique monétaire chaque fois que des menaces sur sa transmission compromettront la réalisation de la stabilité des prix », ajoute-t-il.
La BCE prévoit que l’inflation refluera dans les prochains mois et reviendra en 2023 puis en 2024 juste en dessous de son objectif de 2%.
Mais certains dirigeants de la banque centrale ne cachent pas leurs doutes sur la validité de ce scénario, en s’appuyant sur le fait qu’elle a dû à plusieurs reprises revoir à la hausse ses prévisions d’inflation.
Les investisseurs ne semblent pas convaincus, eux non plus, puisque les taux à terme sur les marchés monétaires ont déjà intégré un relèvement de près de 30 points de base d’ici la fin de l’année, avec un début du resserrement dès juillet.
Christine Lagarde devrait commenter les décisions du Conseil des gouverneurs et l’évolution de l’inflation lors d’une conférence de presse à partir de 13h30 GMT.
Sur les marchés, le rendement des obligations d’Etat allemandes à dix ans réduisait légèrement sa hausse à 0,065% quelques minutes après la publication du communiqué de la BCE, contre un pic à 0,077% juste avant en réaction à la hausse du taux directeur de la Banque d’Angleterre.
L’euro reculait face au dollar à 1,1289 et l’indice boursier de la zone euro EuroStoxx 50 cédait 0,48%.