La Banque d’Angleterre (BoE) a laissé sa politique monétaire inchangée jeudi, déjouant les pronostics d’un bon nombre d’investisseurs qui anticipaient une hausse de taux, ce qui en aurait fait la première des grandes banques centrales au monde à prendre une telle initiative depuis la pandémie de COVID-19.
La BoE a néanmoins confirmé la perspective d’un resserrement de sa politique monétaire dans un avenir proche, en déclarant qu’elle devrait probablement relever son principal taux directeur actuellement à 0,1%, son plus bas historique, « au cours des prochains mois » si l’économie évolue comme prévu.
Cette décision sur le taux n’a pas été adoptée à l’unanimité des neuf membres du Comité de politique monétaire (MPC) comme ce fut le cas en septembre dernier.
Sept d’entre eux ont voté pour le statu quo afin de se donner le temps d’évaluer l’impact de la fin du dispositif gouvernemental de chômage partiel sur le marché de l’emploi tandis que le gouverneur adjoint Dave Ramsden et Michael Saunders ont voté pour une hausse immédiate du taux, de 15 points de base.
« L’évolution à court terme du marché du travail sera cruciale pour déterminer l’ampleur et le rythme de la réponse », a déclaré Andrew Bailey, le gouverneur de l’institution.
« Nous ne disposons pas encore des éléments concrets nécessaires sur l’état du marché du travail à la suite de l’arrêt du dispositif de chômage partiel pour faire une évaluation suffisamment claire. Cela devrait changer au cours des prochains mois », a-t-il ajouté.
LES MARCHÉS PRIS PAR SURPRISE
Les décisions de la BoE ont nettement accentué la baisse de la livre sterling – qui perdait vers 13h30 GMT plus de 1% au plus bas en un mois contre le dollar – et des rendements des emprunts d’Etat britanniques,.
L’indice Footsie de la Bourse de Londres, qui évoluait jusque-là sans tendance claire, gagnait 0,45%.
Les acteurs du marché considéraient une hausse des taux comme une quasi-certitude après que le gouverneur Andrew Bailey eut dit il y a plus de deux semaines que la banque centrale devrait agir pour contenir les risques inflationnistes.
« Les marchés subissent un peu un coup de fouet après ces orientations restrictives (‘hawkish’) et voient maintenant la BoE faire marche arrière », a déclaré Grace Peters, responsable de stratégie d’investissement chez J.P. Morgan Private Bank.
PRÉVISIONS DE PIB LÉGÈREMENT ABAISSÉES
La BoE a indiqué que le MPC avait voté à 6 contre 3 pour laisser le programme d’achats d’obligations d’Etat à 875 milliards de livres, Catherine Mann ayant joint sa voix à celles de Dave Ramsden et de Michael Saunders pour réduire cette partie du programme de relance.
En ajoutant à cela le programme dédié aux achats d’obligations d’entreprise à 20 milliards de livres, l’objectif total d’achat d’actifs reste fixé à 895 milliards de livres (1.056 milliards d’euros).
La Banque d’Angleterre a légèrement abaissé ses prévisions économiques alors que les goulets d’étranglement devraient continuer à court terme de peser sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Elle anticipe désormais un produit intérieur brut du Royaume-Uni de 7% en 2021, contre 7,25% annoncé en août, et de 5% en 2022, contre 6% auparavant.
L’inflation devrait s’approcher de 5% en avril prochain selon l’institution, en raison principalement de la flambée des prix de l’énergie, avant de refluer juste en dessous de l’objectif de 2% de la banque centrale à la fin de sa période de prévision de trois ans.