La Banque nationale suisse (BNS) a relevé jeudi son taux directeur pour la première fois en 15 ans et a annoncé que d’autres hausses pourraient intervenir, lançant ainsi le resserrement de sa politique monétaire pour tenter d’endiguer, comme la plupart des autres banques centrales, l’envolée de l’inflation.
Le taux directeur est porté à -0,25% contre -0,75% auparavant. Il s’agit de la première hausse de taux de la BNS depuis septembre 2007.
« Ce resserrement des rênes monétaires doit empêcher l’inflation de s’étendre en Suisse à un plus large cercle de biens et services », a annoncé l’institution dans un communiqué.
Cette décision intervient au lendemain d’une hausse de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) de trois quarts de point, du jamais vu depuis 1994.
La Banque centrale européenne (BCE) a quant à elle fait part la semaine dernière de son intention de relever ses taux d’intérêt en juillet puis en septembre pour contrôler l’inflation qui a atteint 8,1% sur un an en mai en zone euro.
Le président de la BNS, Thomas Jordan, a déclaré que le niveau de l’inflation, dont la hausse a accéléré en mai pour atteindre un plus haut depuis septembre 2008 à 2,9% sur un an, signifiait que la banque centrale helvétique pourrait devoir intervenir à nouveau.
L’institution maintient sa prévision d’une croissance de l’économie d’environ 2,5% en 2022 mais relève celle d’inflation à 2,8% contre +2,1% auparavant.
Elle s’attend à une hausse de l’indice des prix à la consommation de 1,9% et 1,6% respectivement en 2023 et 2024 alors qu’elle anticipait précédemment une hausse de 0,9% pour ces deux années.
« La nouvelle prévision d’inflation montre que de nouvelles augmentations du taux directeur pourraient être nécessaires dans un avenir prévisible », a déclaré Thomas Jordan lors d’une conférence de presse.
« Il y a la menace d’effets de second tour qui s’installent si l’inflation reste au-dessus de 2% pendant une longue période », a-t-il ajouté.
Le président de la BNS a souligné que le franc suisse n’était plus très valorisé après sa récente dépréciation et que la BNS était prête à intervenir sur les marchés pour empêcher des fluctuations excessives de la monnaie.
La vigueur du franc avait atténué l’impact de l’inflation en Suisse en réduisant la hausse de prix à l’importation du carburant et des denrées alimentaires, ce qui est moins le cas actuellement depuis la baisse de la devise, a déclaré Thomas Jordan.
Sur les marchés, le franc suisse grimpait de 1,81% face à l’euro et de 1,42% face au dollar vers 09h00 GMT après les annonces de la BNS.,