La BCE baissera ses taux à partir du printemps 2024, mais poursuivra la réduction de la taille de son bilan au moins jusqu’en 2025

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▪ L’activité va nettement ralentir en 2023-24 et la croissance ne rebondira que modestement en 2025. ▪ En 2023, l’inflation restera élevée, proche de 5,5 %, avant de baisser sous 3 % en 2024 et de revenir à la cible à moyen terme.

En 2023-24, l’activité va nettement ralentir avant de modestement reprendre en 2025. Le niveau élevé des prix et des taux d’intérêt, le durcissement généralisé du policy mix et le freinage du crédit bancaire seront les principaux facteurs du ralentissement en 2023-24.

Après le dynamisme de la période post-pandémique, le marché du travail sera moins allant, le taux de chômage amorçant une remontée à partir de 2024. La demande des ménages sera particulièrement affectée par ces vents contraires, que les excédents d’épargne hérités de la pandémie, bientôt épuisés, ne pourront plus atténuer. En 2025, le reflux de l’inflation aura donné un peu d’oxygène aux ménages, mais les conditions financières resteront resserrées et la consolidation budgétaire continuera, le tout empêchant une accélération notable de l’activité. Les risques sur le scénario restent majoritairement baissiers, notamment en raison des effets retardés du resserrement synchronisé des politiques budgétaire et monétaire. De même, l’incertitude perdure quant au prix et à la disponibilité de l’énergie pour l’hiver 2023-24.

La croissance des exportations sera modeste en 2023-24, avant d’augmenter quelque peu à partir de 2025. En 2023-24, le commerce mondial enregistrera une croissance en nette baisse par rapport à 2022, reflet du ralentissement de la demande mondiale, notamment pour les biens manufacturiers. En 2025, la reprise sera modérée, conséquence de l’effet retardé du resserrement du policy mix global sur la croissance. Après une année de forte croissance, tirées par le restockage des entreprises et les importations d’énergie, les importations connaîtront une progression modeste cette année. L’excédent courant de la zone euro, qui s’était considérablement réduit en 2022, est en train de graduellement se reconstituer, grâce aussi à la baisse de la facture énergétique. A l’avenir, le plein impact du remplacement du gaz russe par des sources alternatives d’énergie, plus chères, risquera, au moins initialement, de peser sur la compétitivité à l’exportation des entreprises européennes les plus intensives en énergie. Au total, les excédents courant de la zone euro seraient moins élevés dans le futur, même si toujours importants.

La croissance des dépenses d’investissement sera aussi en baisse en 2023-24 par rapport à 2022. La reprise sera là aussi modérée en 2025. Du côté des entreprises, l’affaiblissement de la demande, la remontée du coût du financement externe et l’incertitude élevée pèseront sur leur dynamique, malgré la bonne tenue de la profitabilité opérationnelle. Un rebond modeste est anticipé en 2025. Du côté des ménages, l’investissement résidentiel, qui a été tiré en 2022 par le soutien budgétaire massif au secteur en Italie, va connaître un net ralentissement. En effet, la demande des ménages est fortement freinée par la hausse des taux sur les crédits immobiliers et le maintien du prix des travaux à un niveau élevé. Là aussi, un rebond seulement modeste est envisagé en 2025.

Les dépenses de consommation des ménages baisseront en 2023, dans un contexte où les prix progresseront encore vivement. En 2024-25, le rebond restera contenu malgré le reflux de l’inflation. La dynamique du pouvoir d’achat des ménages sera défavorable sur l’horizon de prévision. Il se contractera certainement en 2023-24, avant de rebondir seulement modestement en 2025. En 2024-25, le reflux de celle-ci sera compensé par la remontée du taux de chômage et le retrait total des mesures budgétaires compensatoires de la crise énergétique. La baisse des taux d’épargne, qui ne se sont pas encore normalisés dans toutes les économies, constituera donc la principale source de financement de la consommation. Les réserves d’épargne constituées depuis la pandémie, bientôt
épuisées, n’offriront en revanche qu’un relais limité de croissance.

A partir de 2024, la réactivation des règles budgétaires européennes et la consolidation budgétaire qui s’en suivra sera un frein à l’activité. Au plus fort de la crise énergétique, les gouvernements ont élargi leur arsenal de soutien au pouvoir d’achat des ménages et des entreprises, mais ces mesures sont en train d’être dénouées. En 2024-25, les plans budgétaires des Etats membres laissent présager un resserrement général de la politique budgétaire dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. En ce qui concerne les investissements, les États membres continueront néanmoins à bénéficier d’un soutien dans le cadre de Next Generation EU. Dans l’ensemble, la politique budgétaire, qui a été un soutien important à l’activité au cours des trois dernières années, constituera certainement un frein important à une plus forte réaccélération de l’activité à moyen terme.

L’inflation a atteint son pic en 2022, mais restera élevée en 2023 avant de refluer en 2024-25, modulo l’évolution des prix de l’énergie. La désinflation énergétique est rapide, elle s’est amorcée dans les biens alimentaires. L’inflation sous-jacente reste élevée, mais a montré ses premiers signes d’inflexion. Notamment, la désinflation sur les biens manufacturés, entamée en début d’année, va s’accélérer au cours des prochains mois. Du côté des services, l’ajustement pourrait être plus long en raison des comportements de marge des entreprises. Cependant, avec la disparition des chocs sur les prix relatifs, le freinage marqué de la demande, orchestré notamment par la banque centrale et, à partir de 2024, par la politique budgétaire, l’inflation baissera notablement sur l’horizon de prévision.

La BCE entamera au printemps 2024 un cycle de baisse de ses taux directeurs, tout en poursuivant la réduction de la taille de son bilan, maintenant une politique monétaire neutre, voire légèrement restrictive. Le freinage de l’activité et le reflux de l’inflation conduiront la BCE à ramener progressivement ses taux directeurs à un niveau légèrement inférieur à 2 % en 2025. En parallèle, l’inflation restant à la cible, la réduction de la taille du bilan se poursuivra, au rythme des tombées de l’APP (Asset Purchase Programme) et du PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme) à partir de 2025. Au total, la politique monétaire restera neutre, voire légèrement restrictive sur l’horizon de prévision. La reprise du crédit bancaire ne sera donc que graduelle après le net ralentissement enregistré cette année. Les décisions prises dans le cadre de la revue opérationnelle de la BCE (dont les résultats sont attendus vers la fin de l’année) guideront les futures décisions en matière de bilan au-delà du moment où la politique monétaire reviendra à la neutralité (vers la mi-2025).

Les risques qui pèsent sur ce scénario restent orientés à la baisse, notamment en raison de l’incertitude concernant la disponibilité et le prix de l’énergie à l’horizon des prévisions et du risque d’erreur de politique économique.

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