La Banque centrale européenne (BCE) poursuivra le relèvement des taux d’intérêt même si l’économie de la zone euro en souffre car permettre à l’inflation de se maintenir à un niveau excessif serait encore pire, ont déclaré mardi deux membres du Conseil des gouverneurs de l’institution.
La BCE est engagée depuis le printemps dans un processus de relèvement de ses taux directeurs à un rythme sans précédent et elle a laissé entendre que ce mouvement allait se poursuivre dans les mois à venir, avec pour objectif de ramener l’inflation vers son objectif de 2%.
Son vice-président, Luis de Guindos, et le président de la Bundesbank, la banque centrale nationale allemande, Joachim Nagel, ont expliqué mardi que cette stratégie aurait forcément un coût en matière de croissance économique.
« Je ferai (…) de mon mieux pour assurer que nous, le Conseil des gouverneurs de la BCE, ne baisserons pas la garde trop tôt et que nous poursuivrons la normalisation de la politique monétaire, même si les mesures que nous prenons pénalisent le développement économique », a dit Joachim Nagel lors d’un colloque sur le secteur bancaire en Allemagne, ajoutant que d’importantes hausses de taux étaient nécessaires.
« Parce que lorsque la politique monétaire est à la traîne, le coût économique global est bien supérieur », a-t-il ajouté.
Luis de Guindos, de son côté, a expliqué à Politico que la politique de la BCE aurait pour conséquence de « réduire la demande globale, à la fois la consommation et l’investissement, mais c’est la seule manière d’avancer que nous ayons parce que ne rien faire serait bien pire ».
La plupart des économistes s’attendent à une contraction de l’activité économique dans la zone euro cet hiver en raison de la conjonction entre la hausse des prix de l’énergie, la dégradation de la demande mondiale et l’augmentation du coût du crédit.
Luis de Guindos et Joachim Nagel ont aussi répété qu’ils étaient favorables à une réduction du bilan de la BCE, gonflé ces dernières années par des milliers de milliards d’euros d’achats d’obligations d’Etat et d’entreprise.
Luis de Guindos a expliqué que ce processus de « resserrement quantitatif », ou QT (quantitative tightening), devrait être orchestré « avec beaucoup de prudence » mais qu’il pourrait commencer avant que la banque centrale n’arrête de relever ses taux d’intérêt.
« Les caractéristiques et le calendrier de notre QT, qui pourraient chevaucher ou pas le processus de normalisation des taux d’intérêt, seront débattus en décembre », a-t-il confirmé. « À titre personnel, je ne vois là aucune espèce d’enchaînement. »
Les marchés financiers s’attendent à ce que la BCE continue de relever ses taux d’intérêt jusqu’à la mi-2023, avec un pic autour de 3%, contre 1,5% aujourd’hui.