Les effets de la reprise post-pandémique, qui ont largement soutenus la demande de pétrole, devraient s’estomper cette année, estime mercredi l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui voit les défis économiques et la transition vers les énergies vertes peser sur la croissance de brut dès 2024.
« Le passage à une économie fondée sur les énergies propres s’accélère, avec un pic de la demande mondiale de pétrole en vue avant la fin de cette décennie, à mesure que les véhicules électriques, l’efficacité énergétique et d’autres technologies progressent », a déclaré le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol.
Tirée par la Chine et l’Inde, la demande mondiale de pétrole augmentera de 2,4 millions de barils par jour (bpj) en 2023 pour atteindre le niveau record de 102,3 millions de bpj, note l’AIE dans son rapport mensuel.
L’agence, basée à Paris, s’attend toutefois à ce qu’un contexte économique défavorable ampute la demande de brut de 860.000 bpj l’année prochaine. Elle évalue la baisse en 2028 à 400.000 bpj, en raison notamment de l’utilisation croissante des véhicules électriques. A cette échéance, la demande mondiale serait alors de 105,7 millions de bpj.
La demande de pétrole provenant de combustibles fossiles, à l’exclusion des biocarburants, des matières premières pétrochimiques et d’autres utilisations non énergétiques, devrait culminer à 81,6 millions de bpj en 2028, selon l’AIE.
La demande de pétrole pour les transports devrait, elle, atteindre son pic en 2026, toujours selon l’agence.
Les investissements mondiaux en amont dans la prospection, l’extraction et la production de pétrole et de gaz devraient quant à eux atteindre cette année 528 milliards de dollars, soit le niveau le plus élevé depuis 2015.
Selon l’AIE, ils devraient permettre au monde d’être suffisamment approvisionné jusqu’en 2028.
L’agence n’a pas repris explicitement sa projection de 2021 selon laquelle les investisseurs ne devraient pas financer de nouveaux projets d’approvisionnement en pétrole, en gaz et en charbon pour que le monde parvienne à des émissions nettes nulles d’ici 2050.
Elle a toutefois indiqué que les investissements actuels « dépassent le montant qui serait nécessaire dans un monde qui se mettrait sur la voie d’émissions nettes nulles ».
« Pour que la demande totale de pétrole diminue plus rapidement, conformément au scénario d’émissions nettes nulles de l’AIE d’ici 2050, des mesures politiques et des changements de comportement supplémentaires seraient nécessaires », écrit l’agence.