La France et l’Espagne sont proches d’un accord sur un projet d’interconnexion électrique sous-marine entre les deux pays qui était dans l’impasse en raison d’une hausse des coûts.
Des routes de l’électricité élargies entre la France et l’Espagne. Les deux pays sont proches d’un accord sur une nouvelle liaison électrique sous-marine. La ministre espagnole de la Transition énergétique, Teresa Ribera, a indiqué à Reuters qu’elle s’attendait à un accord cette semaine, sans donner plus de détails sur le projet qui vise à doubler la capacité d’interconnexion, et que les deux pays ont accepté d’accélérer en 2022, dans le contexte de la crise énergétique en Europe.
Depuis l’annonce du projet en 2017, le coût estimé de la liaison par câble, qui devra s’étendre sur 400 km entre la côte nord de l’Espagne et la côte ouest de la France à travers le golfe de Gascogne, a presque doublé. Il s’établirait autour de 3,2 milliards d’euros, selon une source espagnole au fait du dossier. Cette hausse est liée à une instabilité imprévue du fond marin du côté français qui nécessite un détournement coûteux, ainsi qu’à l’augmentation du coût des matières premières.
Le projet « Golfe de Gascogne » a été conçu pour doubler la capacité de transport d’électricité existante entre les deux pays et permettrait à l’Espagne d’injecter son abondante énergie renouvelable dans un réseau européen plus large. Cela lui confère une importance croissante depuis que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché une crise énergétique en Europe l’année dernière.
Selon deux sources au fait du sujet, la Commission de régulation de l’énergie française (CRE) et la Commission nationale des marchés et de la concurrence espagnole (CNMC), devraient donner leur feu vert jeudi ou vendredi. Ces sources n’ont pas précisé les termes de l’accord. Le régulateur français n’a pas fait de commentaire immédiat. La CNMC espagnole a seulement déclaré que les négociations étaient toujours en cours.
Tensions récurrentes sur les routes de l’énergie
L’Espagne produit de plus en plus d’énergie renouvelable, qu’elle exporte vers la France, et elle souhaite que son voisin prenne en charge la plupart des coûts supplémentaires. Ce désaccord s’inscrit dans le cadre de tensions plus larges entre les deux pays sur les gazoducs et le protectionnisme.
Selon deux sources au fait des négociations, le probable accord fait partie d’une discussion politique plus globale sur les différends entre les deux pays, notamment sur la volonté de la France de faire reconnaître l’hydrogène nucléaire comme une source d’énergie renouvelable, ce à quoi l’Espagne s’oppose.
Lorsque le projet a été conçu, a dit une des sources, la France avait un excédent d’électricité qu’elle exportait vers l’Espagne, qui avait par conséquent accepté de régler une partie des coûts du côté français. Cependant, les rôles se sont inversés.
Un accord cette semaine signifierait que la France, dont le parc nucléaire a connu d’importantes difficultés de production l’an passé, a accepté de payer davantage, estiment des sources espagnoles.
L’interconnexion, qui doit être construite par les opérateurs du réseau électrique français RTE et espagnol REE d’ici 2025, avec des risques de retards, permettrait aux deux pays de doubler leur capacité d’échange d’électricité pour atteindre 5.000 mégawatts, soit assez pour alimenter 5 millions de foyers.