Le cabinet de conseil Institutional Shareholder Services (ISS) recommande aux actionnaires de Shell de voter contre une résolution d’activistes climatiques qui demandent au géant de l’énergie de s’aligner sur l’accord de Paris sur le climat de 2015, tout en reconnaissant le bien-fondé de la proposition.
Les investisseurs de Shell doivent se prononcer sur cette résolution, déposée par le groupe d’actionnaires écologistes Follow This, lors de l’assemblée générale annuelle du 23 mai.
Selon les scientifiques, le monde doit réduire les émissions de gaz à effet de serre d’environ 43% d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2019, pour avoir une chance d’atteindre l’objectif de l’accord de Paris de maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.
Shell a pour objectif de réduire son intensité carbone nette dans l’ensemble de son portefeuille et l’utilisation de ses produits de 20% d’ici à 2030 et de 100% d’ici à 2050, mais a exclu de fixer des objectifs absolus de réduction des émissions, y compris pour la combustion de ses produits.
Mesurer les émissions en fonction de leur intensité signifie qu’une entreprise peut techniquement augmenter sa production de combustibles fossiles et ses émissions globales tout en utilisant des moyens de compensations ou en ajoutant des énergies renouvelables ou des biocarburants à sa gamme de produits.
Selon ISS, dont les recommandations orientent le vote de nombreux investisseurs, « l’argument de Follow This selon lequel les mesures d’intensité ne peuvent se substituer aux mesures absolues est tout à fait valable », et il est repris dans son analyse.
Cependant, le cabinet recommande de voter contre, car il estime que si la résolution était adoptée, cela « représenterait un changement de stratégie par rapport à celle que Shell a adoptée ».
Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Shell en 2022, Follow This a obtenu 20% des voix, contre 30% l’année précédente.
En 2021, une décision d’un tribunal néerlandais, toujours en appel, demandait à Shell de réduire les émissions de gaz à effet de serre en termes absolus de 45% d’ici à 2030 sur l’ensemble du cycle de vie de ses hydrocarbures.