Le gouvernement italien a annoncé jeudi 1er février accorder 950 millions d’euros de subventions à l’achats de voitures vertueux pour l’environnement. La décision intervient alors que le dirigeant de Stellantis, Carlos Tavares, critique depuis plusieurs semaines par médias interposés la politique du Conseil italien.
L’Italie va accorder 950 millions d’euros de subventions cette année pour aider les conducteurs à opter pour des voitures moins polluantes et stimuler le secteur automobile, a déclaré le ministère de l’Industrie jeudi. Cette mesure incitative intervient alors que le gouvernement italien de droite est en conflit avec Stellantis au sujet des niveaux de production domestique du groupe automobile. La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni a déclaré la semaine dernière que Stellantis, maison-mère du constructeur italien Fiat mais aussi de Peugeot, avait parfois agi contre l’intérêt national.
Rome accordera jusqu’à 13 750 euros de subventions pour aider les ménages aux revenus les plus faibles à acheter un nouveau véhicule entièrement électrique coûtant jusqu’à 35 000 euros hors TVA. Une partie de la subvention est liée à la mise au rebut d’une voiture à moteur à combustion polluante. Les même ménages pourront également bénéficier d’une subvention allant jusqu’à 10 000 euros pour un véhicule hybride rechargeable neuf coûtant jusqu’à 45 000 euros. Les véhicules à moteur à combustion ultramodernes pourront également bénéficier de subventions plus modestes.
Un million de véhicules Stellantis produits par an ?
Ces dépenses font partie intégrante d’un large programme de plus de 8 milliards d’euros visant à soutenir l’industrie automobile sur plusieurs années, annoncé par Rome en 2022. Le gouvernement italien et Stellantis, seul grand constructeur automobile italien, sont en pourparlers depuis l’été au sujet d’un plan à long terme visant à inverser le déclin de la production. L’objectif du plan est d’augmenter la production annuelle domestique de Stellantis à un million de véhicules, contre les quelque 750 000 véhicules fabriqués en 2023.
Le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, a déclaré la semaine dernière que l’Italie dépensait moins que les autres grands pays européens pour soutenir le développement des véhicules électriques et que cette approche freinait la production. Une déclaration réitérée dans un entretien accordé à Challenges avant cette annonce : «Nous fabriquons des voitures électriques en Italie. Mais le gouvernement ne soutient pas la vente de ces véhicules. Or, quand les gouvernements n’aident pas ou suspendent les aides, le marché s’effondre. Lorsque les différents Etats européens prennent des décisions opposées, nous devenons des otages. Nous ne sommes pas des jouets dans les combats politiques en Europe».
Jeudi, le ministre de l’Industrie Adolfo Urso a suggéré que le gouvernement italien prenne une participation au capital de Stellantis, de la même façon que l’Etat français qui détient 6% du constructeur automobile issu de la fusion en 2021 entre PSA Peugeot-Citroën (PSA) et Fiat Chrysler Automobiles (FCA). «Si Tavares soutient que l’Italie doit faire la même chose que la France, qui a augmenté son investissement actif dans Stellantis, alors ils peuvent le demander. Nous pouvons en discuter ensemble», a-t-il dit aux journalistes.
Suite à cette annonce du gouvernement, les syndicats sont montés au créneau pour demander à Stellantis d’honorer ses engagements envers les salariés italiens. «Le gouvernement a décidé d’accéder à la demande de Stellantis en ce qui concerne les incitations. Stellantis doit donner des réponses aux travailleurs italiens. On ne peut pas donner de l’argent public sans garanties : il faut maintenant répondre au pays», a écrit la Fédération italienne des métallurgistes (Fiom-Cgil) dans un communiqué jeudi soir, demandant à ce que la situation dans les usines de Mirafiori et Pomigliano soient éclaircies.