En novembre, l’économie britannique a connu un recul inédit depuis plus d’un an, marqué par une contraction de l’activité du secteur privé. Selon les données de l’enquête PMI S&P Global/CIPS UK publiées ce vendredi, cette contraction coïncide avec les premières mesures économiques du nouveau gouvernement travailliste. Ces politiques, notamment des augmentations d’impôts annoncées dans le premier budget, ont pesé sur les ambitions d’embauche et les projets d’investissement des entreprises.
L’indice composite préliminaire s’est établi à 49,9, tombant sous la barre critique de 50, qui sépare croissance et contraction. Ce résultat, le plus bas depuis 13 mois, contraste avec les 51,8 enregistrés en octobre et déçoit les attentes des analystes qui prévoyaient une stabilité. « La première analyse de l’économie post-budget est sombre », résume Chris Williamson, économiste en chef chez S&P Global Market Intelligence.
Un climat économique marqué par le pessimisme
La réaction des entreprises à ce nouveau contexte économique est empreinte de prudence. En novembre, les employeurs ont réduit leurs effectifs pour le deuxième mois consécutif, reflet d’un pessimisme croissant. Le sous-indice des nouvelles commandes a plongé à son plus bas niveau en un an, affecté par une demande affaiblie tant sur le marché intérieur qu’à l’international. En particulier, le secteur automobile semble gravement touché par les incertitudes globales.
Les inquiétudes ont été renforcées par des mesures budgétaires controversées. « Les entreprises semblent rejeter les augmentations des cotisations patronales annoncées, qui remettent en question les promesses gouvernementales d’une croissance économique accélérée », explique Williamson. En réponse, de nombreuses entreprises ont choisi de geler les recrutements, privilégiant une gestion prudente de leurs ressources face à une hausse attendue des coûts du travail.
Conséquences pour l’économie et perspectives inquiétantes
L’enquête de S&P Global suggère une contraction trimestrielle de l’économie à hauteur de 0,1 %, mais les craintes liées à une perte de confiance pourraient entraîner des ajustements plus sévères, notamment des licenciements supplémentaires. Bien que l’augmentation des prix de vente ait ralenti, atteignant son niveau le plus faible depuis la pandémie, les pressions sur les marges restent importantes en raison de coûts salariaux et d’intrants élevés.
Dans le secteur des services, l’indice d’activité est tombé à 50,0, son plus bas niveau en 13 mois, contre 52,0 en octobre. Le secteur manufacturier, quant à lui, affiche un indice de 48,6, indiquant une contraction persistante depuis neuf mois.
Ventes au détail : un recul plus marqué qu’attendu en octobre
Le tableau économique morose s’est également reflété dans les ventes au détail, qui ont reculé de 0,7 % en octobre, dépassant largement la baisse prévue de 0,3 %. Cette contraction, la plus prononcée depuis juin, souligne les difficultés auxquelles font face les consommateurs dans un contexte de ralentissement économique et d’incertitudes liées aux politiques budgétaires.
Malgré une hausse annuelle des ventes de 2,4 %, les résultats restent en deçà des attentes, freinés par une inflation persistante qui réduit le pouvoir d’achat. En outre, des secteurs comme l’habillement ont particulièrement souffert, enregistrant une chute de 3,1 %, en partie attribuée à des vacances scolaires décalées en Angleterre et au Pays de Galles.
Espoirs pour la fin d’année grâce aux promotions et à Noël
Cependant, tout n’est pas sombre. Les experts, comme Jacqui Baker de RSM UK, anticipent une reprise grâce aux promotions du Black Friday et à la saison des fêtes. Bien que les politiques budgétaires aient ciblé principalement les entreprises, épargnant les consommateurs d’augmentations d’impôts significatives, des signaux encourageants comme une légère amélioration de l’indice de confiance des consommateurs pourraient stimuler les dépenses.
Des enseignes comme John Lewis et Primark restent optimistes pour Noël, malgré des défis persistants. « Avec la baisse des taux d’intérêt et la dissipation des incertitudes politiques à l’étranger, les dépenses de fin d’année devraient connaître un regain d’énergie », déclare Baker.
En conclusion, l’économie britannique traverse une période critique où les décisions politiques et les conditions économiques mondiales jouent un rôle central. Si des opportunités de redressement existent, notamment grâce à la saison festive, les perspectives restent fragiles à moyen terme.