Les actions européennes ont vécu mardi leur pire journée depuis près de deux mois et demi et Wall Street creusait ses pertes à mi-séance, un regain d’inquiétude lié à l’inflation ayant relancé les spéculations sur les taux d’intérêt, avec pour conséquence une remontée rapide des rendements obligataires.
À Paris, le CAC 40 a perdu 2,17% (144,41 points) à 6.506,50 points et à Francfort, le Dax a abandonné 2,09% tandis qu’à Londres, le FTSE 100 limitait son recul à 0,5% grâce à la hausse des valeurs pétrolières.
L’indice EuroStoxx 50 a cédé 2,56%, le FTSEurofirst 300 1,97% et le Stoxx 600 2,18%, sa plus forte baisse sur une séance depuis le 19 juillet.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street s’enfonçait elle aussi en territoire négatif avec un repli de 1,27% pour le Dow Jones, de 1,78% pour le Standard & Poor’s 500 et de 2,49% pour le Nasdaq Composite.
Le repli des marchés américains s’est amplifié après l’annonce d’une dégradation inattendue de la confiance du consommateur américain, l’indice du Conference Board tombant au plus bas depuis février.
Ce facteur s’ajoute à ceux qui freinent les marchés actions depuis vendredi, à savoir la hausse des prix de l’énergie et surtout la remontée rapide des rendements obligataires, les investisseurs redoutant de nouveau un resserrement plus rapide qu’anticipé des politiques monétaires face à l’accélération de l’inflation.
Dans de nouvelles déclarations à l’occasion de son audition au Congrès, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, a alimenté ces craintes en soulignant que la hausse des prix et les difficultés de recrutement pourraient se révéler « plus persistants qu’anticipé » et que la banque centrale riposterait contre une inflation indésirable en cas de besoin.
Il a toutefois ajouté lors de son audition que le retour au plein emploi, l’une des conditions préalables à la hausse des taux, n’était pas encore acquis.
De son côté, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, s’est employée à rassurer sur les conséquences de l’inflation, mettant en garde contre une réaction exagérée et promettant que la BCE serait patiente.
TAUX
Ces déclarations n’ont pas eu d’impact notable sur l’évolution des rendements des emprunts d’Etat, d’un côté de l’Atlantique comme de l’autre: celui du Bund allemand à dix ans a fini la journée en hausse de trois points de base à -0,199% et au moment de la clôture en Europe, son équivalent américain prenait près de quatre points à 1,5183%, au plus haut depuis juin.
Le deux ans américain, à 0,3049%, atteint pratiquement le double de son niveau de juin et le cinq ans a dépassé 1% pour la première fois depuis février 2020.
En zone euro, le taux d’inflation « à cinq ans dans cinq ans », baromètre des anticipations d’inflation à long terme des marchés, est monté à 1,8332%, son plus haut niveau depuis 2015.
VALEURS
La hausse des rendements a pénalisé en premier lieu les valeurs technologiques, dont les valorisations, liées aux bénéfices futurs, sont les plus sensibles à l’évolution des taux.
L’indice Stoxx européen du secteur a chuté de 4,79%, le néerlandais ASML de 7,21%, l’allemand Infineon de 5,89% et le français Cap Gemini de 5,73%, la plus forte baisse du CAC 40 devant STMicroelectronics (-4,99%).
Le seul compartiment de la cote à finir dans le vert est celui du pétrole et du gaz (+0,32%). A Paris, TotalEnergies a pris 1,3%, l’annonce d’un plan de rachats d’actions étant venue s’ajouter à la hausse des cours du brut.
PÉTROLE
Orienté à la hausse pendant la majeure partie de la journée, le marché pétrolier a basculé dans le rouge mais reste proche de ses récents sommets: Le Brent abandonne 0,97% à 78,76 dollars le baril après avoir atteint son plus haut niveau depuis octobre 2018 à 80,75 et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,8% à 74,85 dollars après être monté à 76,67.
CHANGES
Le dollar profite à plein de la hausse des rendements des Treasuries et s’apprécie de 0,33% face à un panier de devises de référence après avoir atteint son plus haut niveau depuis novembre dernier.
L’euro, à 1,1681 dollar, est quant à lui au plus bas depuis le 20 août face au billet vert.
Les difficultés de la Chine, où les pénuries d’électricité freinent l’activité économique, risquent de peser sur la demande, expliquent certains analystes.