Les Bourses européennes, à l’exception de Londres, ont terminé en baisse jeudi et Wall Street évoluait également dans le rouge à la mi-séance, la perspective d’une accélération du resserrement monétaire, la crainte d’une récession et les résultats mitigés des entreprises ayant le pris le pas sur l’optimisme suscité la veille par les propos du président de la Réserve fédérale américaine sur l’ampleur du relèvement des prochains taux d’intérêt.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 0,43% à 6.368,4 points. Le Footsie britannique a cependant gagné 0,13%. Le Dax allemand a perdu 0,49%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 0,76%, le FTSEurofirst 300 de 0,62% et le Stoxx 600 de 0,7%.
La Fed a relevé mercredi son principal taux d’intérêt d’un demi-point, sa plus forte hausse depuis près de 22 ans, mais son président Jerome Powell, a précisé que des hausses de taux de trois quarts de point n’étaient pas « activement » envisagées par les membres du Federal Open Market Committee (FOMC) pour lutter contre l’inflation, ce qui a contribué à rassurer les marchés aux Etats-Unis la veille et en début de séance en Europe.
Les places boursières européennes ont cependant effacé à la clôture l’ensemble de leurs gains, rattrapées par les craintes d’une récession, l’inflation, la guerre en Ukraine et la résurgence de la pandémie de COVID-19, autant de facteurs qui pèsent depuis le début de l’année sur les marchés.
La Banque d’Angleterre (BoE), qui a relevé son taux d’intérêt jeudi à 1%, son plus haut niveau depuis 2009, afin de contrer une inflation qui pourrait atteindre plus de 10% cette année, a averti que l’économie britannique pourrait tomber en récession.
Dans la zone euro où l’inflation a atteint 7,5% en rythme annuel en mars, son plus haut niveau depuis la création de la monnaie unique, Olli Rehn, l’un des membres du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), s’est dit jeudi favorable à une hausse du taux de dépôt, actuellement fixé à -0,5%, d’un quart de point en juillet.
Philip Lane, l’économiste en chef de la BCE, estime cependant que la trajectoire de la hausse des taux est plus pertinente que le calendrier lui-même.
Aux craintes sur les politiques monétaires s’ajoutent des résultats mitigés publiés par plusieurs grands groupes.
Signe du regain de nervosité du marché, l’indice mesurant la volatilité aux Etats-Unis, en hausse de 24%, est revenu à plus de 31 points, tandis que son équivalent européen a fini en progression de 4,9%.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, le compartiment bancaire (-1,8%), qui a perdu près de 30% depuis l’invasion russe en Ukraine, a souffert notamment des provisions sur créances liées à la guerre enregistrées par les banques.
Société générale, sanctionné pour la hausse de ses provisions, a terminé en repli de 2,5% malgré des résultats trimestriels meilleurs qu’attendu. Credit Agricole, pour sa part, a cédé 4%.
UniCredit (+2,2%) est parvenu à tirer son épingle du jeu à la faveur de la confirmation d’un programme de rachat d’actions alors que le bénéfice du premier trimestre de la banque italienne a fortement reculé.
Côté hausse également, Airbus a bondi de 6,2% après avoir publié des résultats trimestriels meilleurs qu’attendu et relevé son objectif de production de l’A320.
Les publications d’Air France-KLM (+2,94%), de Legrand (+1,5%) et de Shell (+3%) ont aussi été bien accueillies, tandis que CGG (-18,6%) a accusé la plus importante baisse du SBF 120.
Sur le plan sectoriel, les compartiments défensifs de l’immobilier (+1,2%) et de la santé (+0,9%) ont affiché les meilleurs gains, tandis que la consommation cyclique (-2,1%) et la finance (-1,7%) ont fini lanterne rouge du Stoxx 600.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones reculait de 2,8%, le Standard & Poor’s 500 de 3,3% et le Nasdaq de 4,5%, tous les principaux secteurs du S&P-500 étant dans le rouge, le compartiment de la consommation des biens et services considérés comme non essentiels perdant plus de 5%.
Aux valeurs, Citigroup recule de 1,5%, affichant l’une des plus fortes baisses parmi les grandes banques de Wall Street dont l’indice sectoriel perd 1,6%.
Les géants des nouvelles technologies Apple, Microsoft, Meta Platforms, Google, Amazon.com et Tesla abandonnaient de 4,5% à 6,5% et leur indice sectoriel cédait 4,6%.
« Je crois que les marchés ne croient pas à une politique accommodante de la Fed », commente Callie Cox, analyste chez eToro.
Les traders tablaient jeudi à 75% sur la probabilité d’une hausse des taux de trois-quart de points lors de la réunion du 15 juin de la banque centrale américaine.
Côté hausse, Twitter gagnait 3,2% après l’annonce de l’obtention par Elon Musk d’un financement pour le rachat du réseau social.
Parmi les publications de résultats, eBay chutait pour sa part de 10,5%, pénalisé par sa prévision de chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre.
LES INDICATEURS DU JOUR
La croissance du secteur privé britannique a atteint en avril son rythme le plus faible en trois mois, l’indice PMI composite ayant reculé à 58,2, montrent jeudi les résultats définitifs de l’enquête mensuelle S&P Global auprès des directeurs d’achats.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis montrent que le marché du travail demeure tendu, même si le nombre d’Américains ayant déposé la semaine dernière des demandes d’allocations chômage a augmenté plus que prévu, à 200.000.
CHANGES
Le dollar s’apprécie de 1,26% face à un panier de devises de référence dans des anticipations de fortes hausses de taux aux Etats-Unis.
L’euro recule à 1,04 dollar en réaction à une baisse plus marquée que prévu des commandes à l’industrie allemande en mars avec la guerre en Ukraine.
La livre sterling recule de plus de 2% à 1,1236 dollar, à un creux depuis juillet 2020, après la décision sans surprise de la BoE de relever ses taux d’un quart de point.
TAUX
Les rendements obligataires sont en hausse: celui des Treasuries à dix ans remonte à 3,0859% après avoir reculé mercredi en séance à 2,901% à la suite des déclarations de Jerome Powell.
En Europe, celui du Bund allemand à dix ans a fini sur un gain de 6,1 points de base à 1,043% et son équivalent français a gagné 5,6 points à 1,567%.
PÉTROLE
Le marché pétrolier est globalement stable, le raffermissement du dollar compensant les craintes liées à l’approvisionnement au lendemain de la proposition de l’Union européenne d’inclure un embargo sur les importations de pétrole russe dans un nouveau train de sanctions contre Moscou.
Le Brent recule de 0,22 à 109,93 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,5% à 107,35 dollars.