Les Bourses européennes ont terminé en baisse mardi, alors que la réévaluation de la trajectoire de taux de la Fed, les émissions massives de dette aux Etats-Unis et les risques d’un « shutdown » ont porté les rendements obligataires américains à leur plus haut depuis 2007.
À Paris, le CAC 40 a abandonné 0,7% à 7.074,02 points, tandis que le Dax allemand cédait 0,97% et un Footsie britannique stable.
L’indice EuroStoxx 50 a terminé la séance sur une baisse de 0,97%, contre 0,52% pour le FTSEurofirst 300 et 0,59% pour le Stoxx 600.
Un ensemble de facteurs a fait plonger les obligations souveraines américaines depuis la dernière réunion de la Réserve fédérale, le 20 septembre, l’un des actifs les plus sûrs du monde entraînant les actifs risqués dans sa chute.
Le discours offensif de la Fed, qui martèle que les taux directeurs resteront plus élevés plus longtemps et que la lutte contre l’inflation prendra le pas sur le soutien à l’activité, a déclenché des ventes obligataires massives, le rendement du dix ans prenant 20 points de base sur les quatre dernières séances.
« La révision à la hausse du taux des Fed Funds après le prochain cycle d’assouplissement de la Fed est en cours », expliquent les stratégistes d’ING, qui soulignent l’ampleur massive de cette révision.
« Les investisseurs considèrent désormais que le point bas d’un éventuel cycle d’assouplissement de la Fed se situera aux alentours de 4,00% dans trois ans: le marché voyait le point bas des Fed Funds dans trois ans à 2,70% en début d’année ».
Par ailleurs, 134 milliards de dollars de bons du Trésor seront émis sur les trois prochains jours, sur des maturités de deux, cinq et sept ans, tandis qu’un « shutdown » pourrait être déclenché si le Congrès ne peut s’accorder sur un budget pour l’année fiscale 2024, qui commencera le 1er octobre.
A cela s’ajoute le risque, certes ténu, d’une baisse de la note de crédit des Etats-Unis, l’agence de notation Moody’s ayant prévenu le gouvernement américain qu’un « shutdown » serait un facteur négatif pour la note de crédit américaine. L’agence Fitch a abaissé la note des Etats-Unis il y a un mois, évoquant une érosion de la gouvernance.
TAUX
Les rendements longs américains atteignent un plus haut depuis 2007 à l’heure de la clôture en Europe, tandis que les rendements européens demeurent proches de leurs plus hauts depuis 2011, les marchés réévaluant les trajectoires de politique monétaire.
Le rendement du Treasury à dix ans se maintient à 4,5417%, son record depuis 16 ans, tandis que le taux à deux ans gagne 1 point de base à 5,1401%, proche de son record depuis 2006.
Le rendement du dix ans allemand a progressé de 1 point de base à 2,798%, à son plus haut cours de clôture depuis 2011, tandis que celui du taux à deux ans a terminé stable à 3,218%.
VALEURS
Airbus a annoncé mardi la nomination de son directeur commercial, Christian Scherer, au poste de directeur général de son activité d’avions commerciaux, ce qui a porté le titre en tête du CAC 40, en progression de 0,50%.
Le fabricant néerlandais d’équipements pour semi-conducteurs ASM International a relevé mardi son objectif de chiffre d’affaires pour 2025, misant sur sa transition vers de nouvelles technologies de puces électroniques, mais a perdu 1,63%, les analystes jugeant ce relèvement prudent.
Les secteurs sensibles aux taux ont reculé, l’immobilier cédant 1,94% contre 2,01% pour le compartiment des nouvelles technologies, la pire performance sectorielle du Stoxx 600.
Les inquiétudes sur l’économie chinoise ont pesé sur le luxe, qui a abandonné 1,78% avec un repli de 1,44% pour LVMH, de 2,18% pour Kering, parmi les plus mauvaises performances du CAC 40, et de 3,02% pour Richemont.
Le distributeur britannique de produits électroniques RS Group a gagné 5,49%, en tête du Stoxx 600, après que le site Betaville a fait état de l’intérêt d’un acheteur de capital privé et d’un rival du secteur basé aux États-Unis pour un rachat.
A WALL STREET
Wall Street recule à l’heure de la clôture en Europe, le biais restrictif de la Fed et le risque de « shutdown » limitant l’appétit pour le risque.
A l’heure de la clôture en Europe, les échanges à la Bourse de New York indiquaient une baisse de 0,95% pour le Dow Jones, contre 1,20% pour le Standard & Poor’s 500 et 1,19% pour le Nasdaq Composite.
CHANGES
Le dollar touche un plus haut depuis 10 mois, profitant de son statut d’actif refuge et d’anticipations de taux directeurs plus élevés pendant plus longtemps.
Le dollar se hisse de 0,11% face à un panier de devises de référence, tandis que l’euro est stable à 1,0566 dollar. La livre sterling recule de 0,43% à 1,2159 dollar.
PÉTROLE
Le brut progresse modérément au cours d’une séance mouvementée, les marchés cherchant à équilibrer risques de ralentissement sur la demande et diminution de l’offre de brut et de produits raffinés.
Le Brent grignote 0,6% à 93,85 dollars le baril, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) avançant de 0,86% à 90,45 dollars.