Wall Street est attendue en net recul et les Bourses européennes creusent leur pertes à mi-séance lundi, au plus bas depuis près de deux mois, les difficultés du géant chinois de l’immobilier Evergrande et l’attente des décisions de la Réserve fédérale américaine favorisant une forte poussée d’aversion au risque.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de 1,58% pour le Dow Jones, de 1,4% pour le Standard & Poor’s 500 et de 1,14% pour le Nasdaq.
À Paris, le CAC 40 perd 2,27% à 6.420,79 points vers 10h55 GMT, au plus bas depuis le 21 juillet. A Londres, le FTSE 100 cède 1,68% et à Francfort, le Dax recule de 2,39%.
L’indice EuroStoxx 50 est en baisse de 2,35%, le FTSEurofirst 300 de 1,94% et le Stoxx 600 de 1,98%. Ce dernier se dirige ainsi vers sa plus mauvaise performance quotidienne depuis le 19 juillet.
Les marchés japonais et de Chine continentale sont restés fermés en raison de jours fériés mais la Bourse de Hong Kong a perdu 3,3% pour finir à son plus bas niveau depuis fin octobre.
Ce repli quasi-général des grands marchés boursiers s’accompagne d’une forte augmentation de la volatilité: l’indice Vix américain .VIX> bondit de 22,15% et son équivalent européen de 18,5%.
Au-delà des inquiétudes persistantes sur l’inflation ou la résurgence de l’épidémie de COVID-19 dans plusieurs pays, les investisseurs sont surtout préoccupés dans l’immédiat par les risques de fragilisation du système financier en Chine liés aux difficultés d’Evergrande.
L’action de ce dernier a encore chuté de 10,24% à quelques jours d’échéances financières importantes qui pourraient déboucher sur une situation de défaut effectif.
« Personne ne sait réellement s’il s’agit d’une crise chinoise qui sera rapidement résolue ou si c’est le début de quelque chose de plus gros », note Daniel Lenz, stratège taux de DZ Bank.
L’aversion au risque est par ailleurs amplifiée par l’attente des annonces de la Réserve fédérale américaine, qui tient mardi et mercredi une réunion de politique monétaire potentiellement décisive.
La Fed pourrait ne pas annoncer formellement qu’elle s’engage dans le « tapering », la réduction graduelle de ses achats d’obligations, mais elle pourrait préciser ses intentions en la matière. Et ses prévisions en matière de croissance, de chômage, d’inflation et surtout de taux d’intérêt influenceront forcément les marchés financiers.
VALEURS EN EUROPE
Tous les grands secteurs de la cote européenne reculent nettement mais la chute la plus spectaculaire est pour celui des matières premières, dont l’indice Stoxx cède 5,35% avec le repli des cours des métaux de base et du minerai de fer.
A Paris, ArcelorMittal décroche de 8,23% et à Londres, le géant minier Anglo American abandonne 8,28%.
Les risques directement liés à la Chine affectent une nouvelle fois le compartiment du luxe: LVMH, Kering, Hermès, Richemont et Burberry cèdent entre 1,8% et 4,1%. À Hong Kong, Prada a perdu 4,57%.
Parmi les rares hausses notables du jour, AstraZeneca gagne 3,08% après des résultats d’essais encourageants sur un traitement du cancer du sein.
TAUX
En se détournant des actions pour se replier sur des actifs jugés plus sûrs, les investisseurs favorisent la baisse des rendements obligataires, y compris ceux des bons du Trésor américain, qui avaient augmenté en fin de semaine dernière dans la perspective de la réunion de la Fed.
Celui des Treasuries à dix ans perd ainsi plus de quatre points de base à 1,3294% et celui du Bund allemand de même échéance, référence pour la zone euro, près de trois points à -0,311%.
CHANGES
Le dollar profite de son statut de valeur refuge: en hausse de 0,14% face à un panier de devises de référence, il évolue au plus haut depuis le 23 août.
A l’opposé, le yuan chinois se traite au plus bas depuis trois semaines sur le marché « offshore ».
La baisse marquée des cours des matières premières pénalise aussi les dollars australien et néo-zélandais ou encore la couronne norvégienne.
L’euro, lui, retombe autour de 1,1710 dollar.
PÉTROLE
L’aversion générale au risque, l’appréciation du dollar et les inquiétudes liées à la Chine, premier importateur mondial, favorise le repli du marché pétrolier qui renvoie le prix du baril de Brent sous 75 dollars.
Le retour progressif à la normale de la production dans le golfe du Mexique et l’annonce d’une augmentation du nombre de puits en activité aux Etats-Unis, au plus haut depuis avril 2020, amplifient ce mouvement.
Le Brent abandonne 1,67% à 74,08 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,99% à 70,54 dollars.