Les Bourses européennes ont fini dans le rouge vendredi après l’annonce d’un ralentissement bien plus marqué qu’anticipé des créations d’emplois aux Etats-Unis, qui a ravivé les doutes sur la solidité de la reprise économique face au variant Delta du coronavirus et aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.
À Paris, le CAC 40 a perdu 1,08% (73,09 points) à 6.689,99 points, à Londres, le FTSE 100 a reculé de 0,35% et à Francfort, le Dax a abandonné 0,37%.
L’indice EuroStoxx 50 a terminé sur une baisse de 0,71%, le FTSEurofirst 300 de 0,56% et le Stoxx 600 de 0,56%.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait en ordre dispersé et au-dessus de ses plus bas du jour: le Dow Jones cédait 0,18% et le Standard & Poor’s 500 0,07% alors que le Nasdaq Composite gagnait 0,13%.
L’économie américaine n’a créé que 235.000 emplois non-agricoles le mois dernier selon le rapport mensuel du département du Travail, un chiffre plus de trois fois inférieur aux attentes qui confirme une détérioration de la dynamique de reprise économique, sur fond de résurgence de l’épidémie de COVID-19, de pénuries de main d’oeuvre et de tensions sur les chaînes d’approvisionnement.
Mais les salaires ont augmenté plus qu’attendu, ce qui risque de favoriser l’inflation et de compliquer la tâche de la Réserve fédérale au moment où ses responsables débattent de l’opportunité de réduire son soutien à l’économie.
La perspective d’un maintien prolongé par la Fed de ses achats d’obligations et de taux d’intérêt bas profite ainsi aux valeurs technologiques américaines comme Salesforce (+0,49%) ou Apple (+0,37%).
« Il faut s’attendre à ce que la Fed reste sur la défensive jusqu’à ce que la croissance du marché du travail s’améliore », estime Ali Jaffari, responsable des marchés nord-américains chez Validus Risk Management. « Les marchés vont rester prudents à court terme et les actifs risqués pourraient souffrir de cette incertitude accrue. »
Sur l’ensemble de la semaine, le Stoxx 600 a perdu 0,09% mais le CAC 40 a gagné 0,12%.
VALEURS
En Europe, le secteur des matières premières est le seul à avoir terminé la séance dans le vert, les cours des métaux de base ayant profité de la dépréciation du dollar: son indice Stoxx a gagné 0,46% sur la journée.
A l’opposé, parmi les secteurs les plus dépendants de la conjoncture économique, la distribution a cédé 0,87% et la construction 0,96%.
A Paris, la plus forte baisse du SBF 120 est pour Worldline (-3,33%), la plus forte hausse pour Technip Energies (+5,62%) après la cession de 9,9% du capital par TechnipFMC (-1,58%).
LES INDICATEURS DU JOUR
Au ralentissement de l’emploi aux Etats-Unis reflété par le rapport du département du Travail s’est ajouté celui de l’activité des services, visible à la fois dans l’enquête ISM et celle d’IHS Markit.
En Europe, les résultats définitifs des enquêtes PMI ont montré un ralentissement de la croissance, mais à un niveau encore soutenu. Quant aux ventes au détail, elles affichent un recul inattendu en juillet.
En Chine, l’activité dans le secteur des services s’est fortement contractée en août.
CHANGES
Le dollar cède du terrain face aux autres grandes devises, les cambistes voyant surtout dans les chiffres de l’emploi américain un risque de voir la Fed retarder le resserrement de sa politique monétaire.
Le billet vert a touché son plus bas niveau depuis le 4 août face à un panier de référence et l’euro a brièvement dépassé 1,19 dollar, au plus haut depuis le 30 juillet, avant de réduire ses gains.
La baisse du dollar favorise aussi les cryptomonnaies, comme le bitcoin et l’ether, qui ont atteint leur plus haut niveau depuis la mi-mai.
TAUX
En rebattant les cartes du débat sur la politique de la Fed, la déception de l’emploi américain conjuguée à la hausse des salaires favorise la pentification de la courbe des taux: les rendements courts, plus sensibles aux perspectives d’évolution des taux directeurs, reculent tandis que les rendements longs, influencés entre autres par les perspectives d’inflation, s’orientent à la hausse.
Celui des bons du Trésor à dix ans prenait ainsi plus de trois points de base au moment de la clôture européenne à 1,3257% alors que le deux ans revenait à 0,2061%.
Sur le marché européen, les rendements de référence ont emboîté le pas de ceux des Treasuries: celui du Bund allemand à dix ans a atteint son plus haut niveau depuis la mi-juillet à -0,347% et celui de l’OAT française de même échéance a de nouveau frôlé zéro.
PÉTROLE
Les doutes sur la reprise pèsent aussi sur le marché pétrolier mais son repli est limité par la lenteur du retour à la normale de la production dans le golfe du Mexique après le passage de l’ouragan Ida.
Le Brent abandonne 0,19% à 72,89 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,51% à 69,63 dollars.