Les Bourses européennes ont fini en forte baisse lundi et à Wall Street, l’indice Standard & Poor’s 500 s’apprêtait à confirmer son passage en « bear market », le scénario d’une nouvelle accélération de la hausse des taux de la Réserve fédérale au risque de déclencher une récession plombant les actions tout en dopant les rendements obligataires.
À Paris, le CAC 40 a perdu 2,67% (164,91 points) à 6.022,32 points, son plus bas niveau de clôture depuis le 8 mars. À Londres, le FTSE 100 a reculé de 1,53% et à Francfort, le Dax a abandonné 2,43%.
L’indice EuroStoxx 50 a terminé en baisse de 2,69%, le FTSEurofirst 300 de 2,23% et le Stoxx 600 de 2,41% à 412,52 points, sa pire clôture depuis mars 2021.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans rouge, le Dow Jones cédant 2,12%, le Standard & Poor’s 500 % 3,01% et le Nasdaq Composite 3,77%.
S’il finit la séance à ce niveau, le S&P-500 accusera un repli de plus de 20% par rapport à son pic de clôture du 3 janvier (4.976,56 points), ce qui correspondra à la définition du « bear market » ou marché baissier.
Cette nouvelle dégradation de la tendance boursière s’explique par la révision à la hausse des anticipations de nombreux analystes en matière de relèvement des taux de la Réserve fédérale, la probabilité d’une hausse de trois quarts de point mercredi étant jugée de plus en plus crédible après l’accélération de l’inflation aux Etats-Unis et malgré les signes de dégradation de la conjoncture économique.
« La persistance de l’inflation conduit à anticiper une accélération de la politique de la Fed, ce qui crée un risque sérieux de resserrement excessif et au final un risque baissier accru pour des perspectives de croissance déjà faibles », résume Allison Boxer, économiste Etats-Unis chez Pimco.
TAUX
La probabilité accrue d’une hausse de trois quarts de point de l’objectif de taux des « fed funds » cette semaine dope les rendements courts américains: le deux ans bondit de 18 points de base à 3,2349% alors que le dix ans prend 17 points à 3,3484%.
Cette portion de la courbe des rendements s’est brièvement inversée en début de journée, une anomalie dans laquelle certains investisseurs voient un signe annonciateur de récession.
La hausse des rendements est à peine moins marquée sur le marché européen, où le dix ans allemand prenait 11 points en fin de séance à 1,633% tandis que son équivalent français affichait un bond de 13 points à 2,259% et que l’italien s’envolait de 22 points à 4,117% après avoir franchi les 4% pour la première fois depuis huit ans.
L’écart entre les rendements des différents pays de la zone euro continue ainsi de se creuser faute de précision de la BCE sur les moyens qu’elle est disposée à mobiliser pour prévenir une fragmentation de la région.
VALEURS
En Europe, la baisse a touché tous les grands secteurs de la cote mais certains des reculs les plus marqués ont affecté des compartiments cycliques comme le transport et les loisirs, dont l’indice Stoxx a cédé 5,27%, l’automobile (-4,53%) ou les hautes technologies (-4,22%).
À Paris, STMicroelectronics a perdu 5,72%, Dassault Systèmes 5,31%, Renault 7,4%.
Le secteur bancaire a encore cédé 2,36%, toujours affecté par les craintes de fragmentation de la zone euro et la forte remontée des rendements dits périphériques, deux facteurs auxquels s’ajoutent, pour les banques françaises, les doutes sur la capacité d’Emmanuel Macron à disposer d’une majorité parlementaire: BNP Paribas a abandonné 3,97%, Crédit agricole 4,46% et Société générale 4,69%.
En hausse, Thales a gagné 2,1% après l’accord à 555 millions d’euros entre la France et l’Australie sur l’indemnisation de la rupture du contrat de livraison de 12 sous-marins.
CHANGES
Les anticipations de taux de la Fed et l’aversion générale pour le risque profitent au dollar, qui s’apprécie de 0,82% face aux autres grandes devises et a inscrit un nouveau plus haut de près de 20 ans.
Le yen a toutefois amorcé un rebond après être tombé à son plus bas niveau face au billet vert depuis 1998.
L’euro, lui, creuse ses pertes: il cède 0,8% à 1,0431 dollar, au plus bas depuis le 17 mai.
Sur le marché des cryptomonnaies, le bitcoin chute de 12,49% et l’Ether de 14,26% après l’annonce par la plate-forme Celsius d’un gel des retraits.
PÉTROLE
La crainte d’une nouvelle reprise de l’épidémie de COVID-19 à Pékin, en venant s’ajouter aux préoccupations liées aux taux d’intérêt et à leur impact sur la demande, amplifie le repli du marché pétrolier sous les 120 dollars.
Le Brent abandonne 1,06% à 120,72 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,18% à 119,25 dollars.