Les Bourses européennes ont terminé lundi en baisse et Wall Street évoluait également dans le rouge à mi-séance dans un contexte d’aversion au risque liée notamment à des anticipations de hausse de taux et aux craintes de l’impact de la crise sanitaire en Chine.
À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 2,75% à 6.086,02 points. Le Footsie britannique a abandonné 2,32% et le Dax allemand 2,15%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 2,82%, le FTSEurofirst 300 de 2,75% et le Stoxx 600 de 2,9%.
Face à une inflation galopante, la plupart des traders tablent sur un relèvement de 75 points de base des taux de la Réserve fédérale américaine en juin après une hausse d’un demi-point la semaine dernière.
Dans la zone euro, les marchés monétaires anticipent une hausse de près de 95 points de base du taux de dépôt de la Banque centrale européenne (BCE) d’ici la fin d’année. Dans une interview publiée samedi, Robert Holzmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a jugé approprié deux ou trois hausses de taux cette année.
Les données de l’inflation aux Etats-Unis, en Chine, en Allemagne et en France pour le mois d’avril seront publiés mercredi.
Le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans a atteint lundi en séance un plus haut depuis novembre 2018 à 3,2%, mais il reculait légèrement à la clôture des Bourses européennes.
« Il y a certainement de la chasse aux bonnes affaires », a expliqué Tom di Galoma, directeur général de Seaport Global Holdings, pour expliquer cette volatilité.
Le rendement du Bund allemand de même échéance a fini quasiment stable à 1,092% après avoir, lui aussi touché en séance un pic depuis août 2014 à 1,189%. Le taux de l’OAT française à dix ans a légèrement progressé à 1,633%.
Sur le plan économique, le ralentissement en Chine lié au confinement sanitaire, qui pourrait être prolongé selon des sources, s’est confirmé avec la décélération de la croissance des exportations à leur rythme le plus lent depuis juin 2020 (+3,9% sur un an) et la stagnation des importations.
L’indice Sentix du moral des investisseurs en zone euro est, pour sa part, tombé au plus bas depuis juin 2020, à -22,6 en mai, reculant pour le troisième mois consécutif alors que l’impact de la crise en Ukraine sur l’économie se fait se sentir.
« Les craintes d’un ralentissement de la croissance, des banques centrales plus restrictives (hawkish), une hausse des rendements réels et les incertitudes politiques vont persister à court terme, exerçant une nouvelle pression sur les actions et des révisions à la baisse sur les bénéfices », note Michele Morganti, stratège actions chez Generali Investments.
L’indice de volatilité, baromètre très suivi de la nervosité des investisseurs, est en hausse de 16% aux Etats-Unis VIX et son équivalent européen a fini sur un gain de 8,9%, tous deux au-dessus de 35 points.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, aucun grand compartiment du Stoxx 600 n’a échappé au repli des marchés d’actions, les ressources de base (-3,2%), l’énergie (-4,6%) et les nouvelles technologies (-3,5%) accusant l’une des plus fortes baisses sur fond de chute des cours du minerai de fer, de craintes sur la demande chinoise et de remontée des rendements obligataires.
Dans les « techs », Atos, Capgemini, SAP et Worldline ont reflué de 1% à 4,7%. Infineon, en baisse de 6%, a lui pâti de prévisions annuelles jugées sans surprise.
Dans les matières premières, ArcelorMittal, Rio Tinto, Glencore et Anglo American ont cédé de 1% à 5,9%.
Les groupes de luxe, très dépendants de la Chine, ont également été délaissés, à l’image de Kering (-3,3%), LVMH (-3,4%) ou encore Richemont (-4%).
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 1,5%, le Standard & Poor’s 500 de 2,4% et le Nasdaq de 3,2%
Aux valeurs, les géants du numérique souffrent: Microsoft, Amazon, Apple, Alphabet, Meta Platforms et Tesla abandonnent de 1,7% à 6,3% et leur indice cède 3,2%.
Côté résultats d’entreprises, le fabricant de cosmétiques Coty recule de 6,2% malgré le relèvement de sa prévision annuelle de bénéfice.
CHANGES
Le dollar s’apprécie de 0,20% face à un panier de devises internationales, bénéficiant à la fois de la remontée des rendements obligataires américains et de son statut d’actif refuge dans la crainte du ralentissement économique en Chine. L’indice mesurant les fluctuations du billet vert a touché lundi un sommet depuis juillet 2002 après avoir gagné près de 9% depuis le début de l’année.
L’euro, en repli de 0,09%, se traite à 1,0541 dollar.
La livre sterling, pour sa part, a atteint son plus bas niveau en près de deux ans face au dollar, à 1,2258.
Dans les cryptomonnaies, le bitcoin est tombé à un creux depuis juillet 2021 à 32.763 dollars.
PÉTROLE
Les cours du pétrole sont pénalisés à la fois par la vigueur du dollar et les inquiétudes sur la demande chinoise, les autorités de Shanghaï étant susceptibles de maintenir les restrictions sanitaires jusqu’à la fin du mois par crainte d’un rebond des infections par le coronavirus, ont rapporté plusieurs sources.
Le baril de Brent abandonne 5,35% à 106,41 dollars le baril et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 5,63% à 103,58 dollars.