Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse lundi et Wall Street évoluait sur une note indécise à la mi-séance dans un contexte d’aversion au risque alimenté par les tensions géopolitiques en Europe de l’Est et la crainte d’une accélération du resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 2,27% à 6.852,2points. Le Footsie britannique a abandonné 1,69% et le Dax allemand 2,02%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 2,18%, le FTSEurofirst 300 de 1,76% et le Stoxx 600 de 1,83%.
Plusieurs puissances occidentales, les Etats-Unis en tête, ont recommandé durant le week-end à leurs ressortissants de quitter l’Ukraine par crainte d’une offensive imminente de la Russie, malgré la poursuite des efforts diplomatiques menés notamment par la France.
Aux tensions géopolitiques, s’ajoutent les craintes d’un durcissement plus rapide que prévu de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), l’inflation (+7,5% en janvier sur un an) étant désormais à un pic de 40 ans en rythme annuel.
« On a deux grandes incertitudes. La politique de la Fed n’est pas tout à fait claire. C’est une politique de resserrement, mais on ne sait pas jusqu’où et à quelle vitesse elle va aller, et il y a aussi une incertitude géopolitique avec la Russie », souligne Matt Siddle, gérant de portefeuille chez Fidelity Investments.
Les traders évaluent désormais à 67% la probabilité d’un relèvement de 50 points de base des taux de la Fed le mois prochain, contre 56% précédemment, selon le baromètre FedWatch de CME Group.
James Bullard, le président de la Réserve fédérale de St. Louis, a réitéré lundi son appel en faveur d’une accélération du rythme de la hausse des taux, estimant que la « crédibilité de la Fed était en jeu » face à l’inflation.
En zone euro où l’inflation a également accéléré en janvier pour atteindre un niveau record à 5,1% sur un an, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg, que l’institution prendrait des décisions au moment approprié pour atteindre son objectif à moyen terme. Elle a ajouté que l’inflation devrait rester élevée plus longtemps que prévu auparavant mais devrait diminuer dans le courant de l’année.
VALEURS EN EUROPE
Le repli des rendements obligataires a pesé sur le secteur européen des banques qui a perdu 3,2%. A Paris, Société générale a plongé de 6% et BNP Paribas de 4,8%. A Milan, Unicredit a abandonné 4,2% et à Francfort, Commerzbank s’est contracté de 2,7%.
Le secteur des hautes technologies (-1,8%) et celui du transports et du tourisme (-2%) ont également fini dans le rouge, emportés par l’aversion généralisée au risque. Capgemini a perdu 2% et SAP 1,9%.
Les compagies aériennes IAG, maison mère de British Airways, Lufthansa et Air France KLM ont lâché entre 3,2% et 5,6%.
Ailleurs en Europe, le chimiste suisse Clariant a chuté de 16% après l’annonce du report de la publication de ses résultats pour 2021 en raison de l’ouverture d’une enquête sur des allégations de manipulation de comptes.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,3%, le Standard & Poor’s 500 est quasiment stable, tandis que le Nasdaq avance de 0,7%
Aux valeurs, les actions des grandes banques comme JPMorgan & Chase, Citigroup ou Morgan Stanley reculent de 0,7% à 1,3% dans un contexte d’aplatissement de la courbe des taux entre les obligations américaines à deux ans et celles à dix ans, signe d’une anticipation d’une forte hausse du coût du crédit. L’indice du secteur bancaire abandonne 0,6%.
Les géants des nouvelles technologies, sensibles à l’évolution des taux, évoluent dans le désordre après la chute vendredi du Nasdaq. Meta Platforms, Microsoft sont dans dans le rouge, tandis qu’Apple, Amazon et AMD, soutenu notamment par l’annonce de la finalisation du rachat de Xilinx, sont en territoire positif.
Le marché reste cependant nerveux, l’indice de la volatilité, aussi appelé l' »indice de la peur », étant en hausse de 7%, tandis que sept des onze secteurs du S&P sont en baisse, l’énergie perdant 2,8%.
CHANGES
Aux changes, l’aversion au risque favorise le dollar qui gagne 0,23% face à un panier de devises de référence. Le yen et le franc suisse, considérés comme des actifs refuge, sont également recherchés.
L’euro, en revanche, recule de 0,4% à 1,1304 dollar, son plus bas niveau depuis le 3 février.
TAUX
Sur le marché obligataire, le regain d’aversion au risque provoque une forte demande pour les obligations souveraines en Europe, ce qui fait monter leurs prix et baisser leurs rendements.
Le Bund allemand à dix ans a fini en repli de 1,7 point à 0,272%, tandis que son équivalent français de même échéance a abandonné 1,3 point à 0,750%.
Le rendement des Treasuries à dix ans, qui prend 7,1 points de base à 2,0206%, est lui porté par des anticipations de hausse de taux de la Réserve fédérale américaine en réaction notamment aux dernières déclarations de James Bullard, le président de l’antenne de St. Louis.
PÉTROLE
Les cours du brut sont orientés à la hausse et ont touché en séance des plus hauts de plus de sept ans, dopés par la perspective d’éventuelles sanctions européennes et américaines contre la Russie en cas d’invasion de l’Ukraine, ce qui pourrait perturber les exportations de pétrole russe.
Le baril de Brent avance de 0,3% à 94,7 dollars après avoir atteint en séance 96,16 dollars, au plus haut depuis septembre 2014.
Celui du brut léger américain (WTI) prend 0,4% à 93,4 dollars, après un pic à 94,94 dollars.