Les Bourses européennes ont terminé en baisse vendredi, tandis que Wall Street évoluait sur une note hésitante à la mi-séance, les marchés d’actions étant encore secoués par les chiffres de l’inflation américaine qui a atteint un pic de 40 ans en rythme annuel et ravivé les craintes d’une accélération du resserrement monétaire.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 1,27% à 7.011,6 points. Le Footsie britannique a perdu 0,15% et le Dax allemand 0,42%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 1%, le FTSEurofirst 300 de 0,56% et le Stoxx 600 de 0,59%.
Sur l’ensemble de la semaine, l’indice parisien a cependant gagné 0,86% et le Stoxx 600 1,61% à la faveur notamment des solides résultats globalement publiés par les entreprises. Les marchés d’actions restent cependant sous la pression des politiques des banques centrales.
Le département américain du Travail a indiqué jeudi que l’indice des prix à la consommation (CPI) avait progressé de 7,5% sur un an, son rythme le plus élevé depuis février 1982, tandis que l’inflation dite de base (« core CPI ») a augmenté de 6,0% sur un an, sa plus forte progression depuis août 1982.
Le président de la Réserve fédérale de Saint-Louis, James Bullard, s’est déclaré dans la foulée favorable à une hausse de 1% des taux d’ici juillet.
Goldman Sachs dit désormais s’attendre à sept hausses de taux de 25 points de base aux Etats-Unis et HSBC à un relèvement de 50 points de base en mars suivi de quatre hausses d’un quart de point pour le reste de l’année.
En zone euro, où l’inflation en zone euro a atteint 5,1% en janvier sur un an, amenant certains analystes à prédire une hausse des taux dès le mois de juin, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a toutefois déclaré, dans un entretien publié vendredi, qu’une hausse rapide des taux ne résoudrait pas les problèmes liés à l’inflation et qu’un ajustement graduel était préférable.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, la plupart des secteurs du Stoxx 600 ont fini en repli, l’immobilier (-1%) et la santé (-1,3%) affichant les plus importantes pertes.
L’énergie (+1,3%), porté par une nouvelle hausse des cours pétroliers, et l’automobile (+0,9%), soutenu par les résultats préliminaires de Mercedes-Benz (anciennement Daimler) (+6,7%), ont été parmi les rares compartiments à résister à la tendance baissière. BMW a avancé de 2,7% et Volkswagen de 0,7%. Volvo Cars a revanche reculé de 4,7%, pénalisé par la publication d’un bénéfice trimestriel inférieur aux attentes des analystes.
A Paris, EDF a cédé 2,3% après avoir abaissé son estimation de production nucléaire en France pour 2023.
Euronext a perdu 2,5%, ses résultats trimestriels étant marqués, selon des analystes, par une augmentation plus forte qu’attendu de ses dépenses.
Les résultats d’Ipsen (+6,4%) et TF1 (+1,8%) ont en revanche été salués.
Worldline a, pour sa part, bondi de 5,7%, le Wall Street Journal ayant rapporté que le fonds Apollo était sur le point de racheter les terminaux de paiement de la société pour 2,3 milliards de dollars (2,02 milliards d’euros).
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones avançait de 0,1% mais le Standard & Poor’s 500 reculait de 0,17% et le Nasdaq de 0,5%.
La perspective d’une accélération du durcissement monétaire aux Etats-Unis soutient les grandes banques de Wall Street. JPMorgan Chase & Co, Goldman Sachs Group, Bank of America Corp, Wells Fargo & Co, Citigroup et Morgan Stanley avancent de 0,4% à 2,2%, tandis que le compartiment financier prend 0,5% et celui des banques 0,9%.
Les géants du numérique, qui avaient déjà souffert jeudi, refluent encore, à l’image de Tesla, Apple, Alphabet et Microsoft qui perdent de 0,3% à 2,3%.
Côté résultats, l’action de l’équipementier sportif américain Under Armour plonge de 9,5% après un avertissement sur sa marge pour le trimestre en cours.
Seul indicateur économique du jour, le moral des ménages américains s’est dégradé plus que prévu en février, montrent vendredi la première estimation de l’enquête mensuelle de l’Université du Michigan, avec un indice de confiance à 61,7, le niveau le plus bas depuis octobre 2011.
CHANGES
Aux changes, le dollar avance de 0,16% face à un panier de devises internationales, toujours soutenu par des anticipations de hausse plus forte que prévu des taux de la Réserve fédérale américaine.
L’euro, en repli de 0,26%, est passé sous le seuil de 1,14 dollar, pénalisé par les dernières déclarations de Christine Lagarde.
TAUX
Les rendements obligataires aux Etats-Unis continuent de progresser au lendemain des données sur l’inflation américaine.
Celui des Treasuries à dix ans prend près 3,4 points de base à 2,0626%, après avoir franchi jeudi le seuil de 2% pour la première fois depuis août 2019. Le rendement du deux ans, le plus sensible à l’évolution des taux, avance de quatre points à 1,597%.
L’écart de rendement entre ces deux obligations est tombé pour la première fois depuis août 2020 en dessous de 40 points de base, signe d’une anticipation de forte hausse des taux de la Réserve fédérale américaine.
En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans a fini quasiment stable à 0,292% au lendemain de son un pic depuis décembre 2018.
Son équivalent français de même échéance a également fait du surplace à 0,763%.
PÉTROLE
Les cours sont en hausse en réaction à l’annonce par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) de tensions sur le marché du brut mais ils s’acheminent vers un recul sur la semaine en raison des inquiétudes liées à l’inflation et la perspective d’une augmentation de l’offre iranienne.
Le baril de Brent avance de 1,7% à 92,9 dollars et celui de brut léger américain (WTI) de 1,8% à 91,5 dollars.