Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse lundi, les investisseurs laissant momentanément de côté les interrogations liées aux taux d’intérêt et à l’envolée des cours du pétrole pour privilégier le retour sur les valeurs de croissance, en profitant de nouvelles rassurantes en provenance de Chine.
À Paris, le CAC 40 a gagné 0,98% (63,48 points) à 6.548,78 points après avoir repassé les 6.600 points pour la première fois depuis le 29 avril et à Francfort, le Dax a pris 1,34% tandis qu’à Londres, où les marchés ont rouvert après le week-end de quatre jours du jubilé de platine de la reine Elizabeth II, le FTSE 100 a avancé de 1,12%.
L’indice EuroStoxx 50 affiche en clôture une progression de 1,45%, le FTSEurofirst 300 de 1,01% et le Stoxx 600 de 0,92%.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le vert, le Dow Jones s’adjugeant 0,31%, le Standard & Poor’s 500 0,67% et le Nasdaq Composite 0,83%.
L’action cotée aux Etats-Unis du géant chinois des VTC Didi Global s’envolait alors de plus de 45% après les informations du Wall Street Journal selon lesquelles Pékin s’apprête à autoriser son retour sur les magasins d’applications mobiles après une longue enquête de cybersécurité.
Le regain d’appétit pour le risque profite aussi d’un nouvel allègement des restrictions sanitaires à Pékin comme à Shanghaï et des déclarations de Gina Raimondo, la secrétaire au Commerce américaine, selon laquelle l’administration Biden étudie la possibilité de réduire certains droits de douane sur des produits chinois.
La suite de la semaine pourrait être plus délicate, avec la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi et la publication vendredi des chiffres mensuels des prix à la consommation aux Etats-Unis, en attendant la réunion de la Réserve fédérale le 15 juin.
« Il y a encore des doutes sur le fait que l’inflation a ou non atteint son pic », explique Michael Hewson, analyste de CMC Markets. « On est en quelque sorte dans un no-man’s land en ce moment à ce sujet comme sur la réouverture de la Chine et l’effet d’entraînement qu’elle pourrait avoir. Les cours du pétrole restent un handicap, donc il est difficile de tenir un cap donné. »
VALEURS
À Wall Street, le rebond des actions profite en premier lieu aux valeurs de croissance comme IBM (+1,51%) ou Apple (+0,55%) tandis qu’en Europe, les meilleures performances sectorielles du jour sont pour le secteur des matières premières (+2,48%), celui des hautes technologies (+1,86%) et celui des banques (+1,65%).
À Paris, Worldline a ainsi gagné 2,08% et Société générale 2,6% tandis qu’à Londres, le géant minier Rio Tinto prenait 3,44%.
Les valeurs du luxe ont quant à elle bénéficié de la levée des restrictions sanitaires à Pékin: Kering a pris 0,98%, LVMH 0,77% et Hermès 0,71%.
En baisse, le sidérurgiste Aperam a perdu 1,16% après la décision unanime du conseil d’administration de son concurrent Acerinox (-0,76%) de mettre fin aux discussions engagées en vue d’un possible rapprochement.
TAUX
Les rendements des emprunts d’Etat américains remontent avant d’importantes adjudications dans les jours à venir et la publication des chiffres de l’inflation américaine vendredi.
Le Trésor prévoit d’émettre pour 96 milliards de dollars de dettes cette semaine, dont 44 milliards à trois ans mardi, 33 milliards à dix ans mercredi et 19 milliards à 30 ans jeudi.
Les investisseurs institutionnels se préparant à cet afflux massif de titres, le rendement à dix ans est en hausse de près de sept points de base à 3,0251%, au plus haut depuis le 11 mai.
Ce mouvement a eu un effet d’entraînement marqué sur le marché européen: le dix ans allemand, qui évoluait sous 1,27% avant l’ouverture de Wall Street, a fini la séance à 1,317%, au plus haut depuis 2014.
Le dix ans italien, lui a fini quasi stable à 3,407% après avoir reculé pendant la majeure partie de la séance en réaction à un article du Financial Times selon lequel la BCE envisage un nouveau programme d’achats de titre pour aider les économies les plus vulnérables de la zone euro.
CHANGES
Le dollar, pénalisé en début de journée par le regain général d’appétit pour le risque, est reparti à la hausse face aux autres grandes devises (+0,26%) à la faveur de la remontée des rendements des Treasuries.
L’euro revient ainsi à 1,0694 dollar (-0,23%) après être monté à 1,0751.
La livre sterling reste bien orientée face au billet vert (+0,39%) comme face à la monnaie unique européenne (+0,58%) avant le vote de confiance des députés conservateurs, décisif pour l’avenir politique du Premier ministre Boris Johnson, les cambistes misant sur son maintien en poste.
PÉTROLE
Le prix du baril de brut recule après avoir repassé en début de journée le seuil des 120 dollars à la faveur du relèvement par l’Arabie saoudite de ses prix de vente pour le mois de juillet.
Le marché reste en effet dans l’expectative sur la volonté des pays producteurs de l’Opep+ de réduire les tensions sur le marché mondial.
Le Brent abandonne 0,28% à 119,38 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,45% à 118,33 dollars. Ils étaient auparavant montés respectivement à 121,95 et 120,99 dollars.