Les Bourses européennes ont terminé en baisse jeudi et Wall Street évoluait également dans le rouge à mi-séance, la prudence dominant les échanges après les déclarations de Moscou jugeant « inacceptable » un projet d’accord de paix que lui aurait présenté l’Ukraine, tandis que sur le front économique, la perspective d’une accélération du resserrement monétaire réveille les craintes d’un ralentissement de la croissance.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 0,57% à 6.461,68 points. Le Footsie britannique a perdu 0,47% et le Dax allemand 0,52%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 0,59%, le FTSEurofirst 300 de 0,23% et le Stoxx 600 de 0,21%.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré jeudi que l’Ukraine avait présenté la veille à la Russie un projet d’accord de paix incluant des points « inacceptables », tandis que la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, a estimé que la Russie voulait conquérir toute l’Ukraine.
La perspective de nouvelles sanctions européennes contre la Russie, qui pourraient être annoncées ce jeudi ou vendredi, a incité également les investisseurs à la prudence.
Côté politique monétaire, les « minutes » de la réunion de mars de la Réserve fédérale, publiées mercredi, ont confirmé que seule la guerre en Ukraine avait empêché la banque centrale américaine d’annoncer une hausse de taux d’un demi-point le mois dernier et qu’elle pourrait engager dès le mois prochain la réduction de son bilan.
En Europe, le compte-rendu de la Banque centrale européenne (BCE), publié ce jeudi, a montré qu’une majorité des membres du Conseil des gouverneurs semblait favorable à une réduction du soutien monétaire lors de leur réunion de mars et qu’ils avaient jugé que les conditions d’une remontée des taux d’intérêt étaient réunies ou sur le point de l’être.
Une enquête Reuters auprès d’économistes montre par ailleurs que le risque d’une récession dans la zone euro a augmenté, avec désormais une probabilité de 30%.
Signe de la nervosité des marchés, l’indice mesurant la volatilité aux Etats-Unis remonte de plus de 5%, tandis que son équivalent européen a fini au-dessus de 32 points, soit un pic depuis le 28 mars.
VALEURS
Le secteur défensif de la santé (+1,3%) a été l’un des seuls grands compartiments du Stoxx 600 à se maintenir dans le vert. L’énergie (-1,57%) et les matières premières (-0,6%) ont pour leur part accusé l’une des plus fortes baisses, en raison notamment de la vigueur du dollar.
TotalEnergies, BP, Eni et Shell ont perdu de 0,9% à 2,1%. Shell a en outre annoncé que sa sortie de Russie se solderait par des charges exceptionnelles pouvant atteindre cinq milliards de dollars, bien plus que prévu.
Dans les fusions-acquisitions, Atlantia a grimpé de 6,8% après avoir été approché par Global Infrastructure Partners (GIP) et Brookfield Infrastructure, même si la famille Benetton, qui contrôle l’exploitant d’autoroutes et d’aéroports, a repoussé cette approche.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones reculait de 0,74%, le Standard & Poor’s 500 de 0,53% et le Nasdaq de 0,77%, les valeurs du transport aérien accusant l’une des plus fortes baisses sectorielles.
American Airlines Group, Delta Air Lines et United Airlines Holdings abandonnaient de 2,7% à 3,8%, Barclays ayant déclaré que la récente flambée des prix du pétrole allait affecter les résultats du premier trimestre des compagnies aériennes.
Le compartiment bancaire (-1,86%), à l’image de Bank of America et Morgan Stanley, était également dans le rouge, tandis que les « techs » (-0,53%) continuaient de refluer avec Tesla, Apple et Alphabet.
Côté hausse, HP s’envolait de plus de 15,6%, porté par Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett, qui a pris une participation d’environ 4,2 milliards de dollars dans le groupe informatique.
LES INDICATEURS DU JOUR
La production industrielle en Allemagne a légèrement augmenté en février, de 0,2%, malgré des pénuries.
Aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage ont reculé la semaine dernière à 166.000.
CHANGES
Le dollar est stable face aux autres grandes devises (+0,07%), tout près de son sommet depuis mai 2020 atteint en séance.
Le compte rendu des « minutes » de la Réserve fédérale « suggère que la Fed est en train d’appuyer fort sur la pédale de frein, ce qui devrait être positif pour le dollar », écrivent les analystes d’ING.
L’euro, tombé à 1,0866 dollar, son plus bas niveau depuis le 8 mars, remonte légèrement face à 1,0902 après le compte rendu de la réunion de mars de la BCE.
TAUX
Les rendements des emprunts d’Etat dans la zone euro, qui étaient en baisse avant la publication des « minutes » de la BCE, ont terminé en hausse, les investisseurs semblant prendre acte d’un biais plus restrictif que prévu.
« Il semble que de nombreux membres du (Conseil des gouverneurs de la BCE) souhaitaient une normalisation immédiate de la politique, il est donc possible que la BCE privilégie la lutte contre l’inflation », explique Rene Albrecht, stratège taux chez DZ Bank.
Le rendement du dix ans allemand a gagné 3,2 points de base à 0,679% et celui du deux ans, le plus sensible à l’évolution des taux, 1,9 point à -0,026%.
Le taux de l’OAT française à dix ans a pris 3,3 points à 1,219%, alors que les marchés commencent à intégrer la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans avançait de 2,4 points à 2,6334% mais celui à deux ans cédait 5,5 points à 2,447%.
PÉTROLE
Les cours du pétrole reculent alors que le Sénat américain a approuvé une interdiction des importations de pétrole russe. La veille, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait déjà indiqué ses pays membres allaient recourir à un déblocage massif de leurs réserves stratégiques. Le Japon a précisé jeudi qu’il débloquerait 15 millions de barils de ses réserves, un niveau record.
Le baril de Brent perd 1,64% à 99,48 dollars et celui du brut léger américain (WTI) 1,28% à 94,95 dollars.