Après un rallye de cinq jours de l’indice paneuropéen Stoxx 600, les Bourses européennes ont terminé en baisse mercredi et Wall Street évoluait également dans le rouge à la mi-séance, l’impact d’une accélération du resserrement monétaire aux Etats-Unis et la perspective de nouvelles sanctions contre la Russie incitant les investisseurs à la prudence.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 1,17% à 6 581,43 points. Le Footsie britannique a reflué de 0,22% et le Dax allemand de 1,31%.
L’indice EuroStoxx 50 a perdu 1,45%, le FTSEurofirst 300 0,98% et le Stoxx 600 1,01%.
Après le ton offensif affiché lundi par Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), sur une maîtrise rapide de l’inflation, les traders tablent désormais sur une fourchette des taux des « fed funds » située entre 2,25% et 2,5% d’ici la fin de l’année, un rythme soutenu qui pourrait avoir un impact sur la croissance économique.
« Le risque d’une erreur politique augmente si la Fed resserre trop brutalement sa politique et finit par précipiter l’économie en récession », commente Andrea Cicione, responsable de la stratégie chez TS Lombard.
En Europe, les marchés monétaires prévoient un relèvement de 50 points de base des taux de la Banque centrale européenne (BCE) d’ici la fin de l’année.
Les investisseurs ont également à l’esprit les incertitudes liées au conflit en Ukraine alors que le président américain Joe Biden doit prendre part jeudi aux sommets de l’Otan et du G7, avec à la clé de nouvelles sanctions contre Moscou, tandis que le président ukrainien Volodimir Zelensky a exhorté mercredi la France à défendre ses valeurs en Ukraine et les entreprises françaises à quitter la Russie.
L’institut allemand Ifo a révisé mercredi à la baisse sa prévision de croissance 2022 pour la première économie européenne dans une fourchette comprise entre 2,2% et 3,1%, contre une prévision de 3,7% en décembre, en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
VALEURS EN EUROPE
Sur le Stoxx 600, à l’exception de l’énergie (+1,79%), tous les autres compartiments ont fini dans le rouge, l’immobilier (-3,06%) accusant la plus forte baisse et les ressources de base le plus petit repli.
A contre courant de leur indice, les groupes miniers Glencore et Anglo American ont avancé respectivement de 1,79% et 0,44%, tandis que les géants pétroliers Shell et BP ont pris respectivement 3,86% et 4,47%.
TotalEnergies, qui a annoncé mettre fin à ses achats de pétrole et produits pétroliers en provenance de Russie d’ici la fin de l’année, a limité ses gains à 0,7%. Le groupe français a été en outre pénalisé par un abaissement de conseil de Deutsche Bank à « conserver ».
Toujours sur le dossier ukrainien, Danone (-1,14%) a déclaré vouloir poursuivre sa production locale en Russie, tandis que Renault (-2,28%) a dit envisager de suspendre la sienne dans son usine de Moscou pour des problèmes de logistique.
A Londres, AstraZeneca a pris 1,62%, des sources ayant déclaré que le traitement préventif du laboratoire devrait obtenir le feu vert de l’Agence européenne des médicaments (EMA) cette semaine.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones reculait de 0,85%, le Standard & Poor’s 500 de 0,55% et le Nasdaq de 0,16%, les indices étant notamment affectés par le repli des géants du numérique comme Microsoft, Meta Platforms ou Alphabet.
Sur les neuf compartiments du S&P dans le rouge, le secteur des « techs » (-0,46%) accuse l’une des plus fortes baisses, tandis qu’à l’opposé l’énergie, meilleure performance sectorielle depuis le début de l’année, progresse de 1,82% avec notamment Occidental Petroleum (+1,4%).
Adobe plonge de plus de 10% après l’annonce de prévisions de bénéfice et de chiffre d’affaires pour le trimestre en cours inférieures aux attentes. Plusieurs analystes ont en outre abaissé leur objectif de cours sur le titre.
CHANGES
Le dollar avance de 0,16% face à un panier de référence, profitant de son statut de valeur refuge alors que les Occidentaux préparent de nouvelles sanctions contre la Russie.
L’euro, en repli de 0,23%, se traite à 1,1002 dollar.
La livre sterling recule de 0,46% à 1,3199 dollar, malgré une accélération de l’inflation en Grande-Bretagne à 6,2% sur un an en février, au plus haut depuis 30 ans, les marchés ayant déjà intégré cette hausse des prix, selon certains analystes. Le ministre britannique des Finances, Rishi Sunak, a par ailleurs indiqué que l’Etat réduirait ses ventes d’obligations au cours de l’exercice 2022/2023 qui débute le mois prochain.
TAUX
Les rendements obligataires, qui avaient profité depuis le début de la semaine du ton offensif du président de la Réserve fédérale américaine, marquent une pause. Jerome Powell n’a fait aucune déclaration sur les taux d’intérêt lors de sa participation à un débat organisé mercredi par la Banque des règlements internationaux (BRI).
Le rendement des Treasuries à dix ans perd 2,2 points de base à 2,3571% après avoir atteint dans la matinée un pic de près de trois ans à 2,4170%.
Son équivalent allemand a cédé 2,8 points à 0,479%, tandis que le rendement de l’OAT française de même échéance s’est contracté de 3,1 points à 0,936%.
PÉTROLE
Le marché pétrolier est orienté à la hausse, soutenu par l’interruption des exportations de brut du terminal Caspian Pipeline Consortium du Kazakhstan, situé sur le flanc oriental de la mer Noire, après le passage d’une tempête.
La perspective de nouvelles sanctions occidentales contre le pétrole russe, deuxième exportateur mondial de brut, porte également les cours.
Le Brent gagne 4,75% à 120,97 dollars le baril et le brut léger américain (WTI) 4,28% à 114,02 dollars.