Les Bourses européennes ont terminé en baisse mardi et Wall Street évoluait également dans le rouge à la mi-séance, les craintes liées à l’inflation, aux taux d’intérêt et au risque d’une récession économique étant de retour sur les marchés d’actions après notamment l’avertissement émis par le distributeur américain Target.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 0,74% à 6.500,35 points. Le Footsie britannique a abandonné 0,12% et le Dax allemand 0,66%.
L’indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,83%, le FTSEurofirst 300 de 0,27% et le Stoxx 600 de 0,28%.
Le regain d’appétit pour le risque, qui a porté lundi les valeurs de croissance, ne s’est pas prolongé pour une deuxième séance d’affilée, alors que se tiendra jeudi la réunion du conseil des gouverneurs de Banque centrale européenne (BCE) et que vendredi seront publiées les statistiques des prix à la consommation aux Etats-Unis.
Les marchés anticipent des hausses de taux d’un demi-point ce mois-ci et en juillet et de près de 200 points d’ici la fin de l’année aux Etats-Unis, tandis qu’en zone euro, une augmentation de 133 points est attendue d’ici la fin de l’année.
« Il y a actuellement pas mal d’incertitudes en termes d’inflation et de perspectives de croissance et tant que les investisseurs n’auront pas une idée un peu plus précise de la trajectoire de la hausse des taux d’intérêt, les actions risquent de souffrir », a expliqué Raffi Boyadjian, analyste spécialisé dans les investissements chez XM.
La Banque mondiale a annoncé mardi avoir réduit sa prévision de croissance mondiale pour cette année de 1,2 point de pourcentage, à 2,9%, et averti que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en s’ajoutant aux dégâts causés par la pandémie de COVID-19, menaçait de nombreux pays d’une récession.
Plusieurs indicateurs économiques du jour ont également pesé sur la tendance: les commandes à l’industrie en Allemagne ayant accusé un recul surprise en avril, tandis qu’en Grande-Bretagne, la croissance de l’activité du secteur privé a ralenti en mai avec un indice PMI composite à 53,1, au plus bas depuis février 2021.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones cédait 0,14%, le Standard & Poor’s 500 0,09% et le Nasdaq 0,01%.
Face à une inflation galopante, à un pic de 40 ans aux Etats-Unis, Target a dit être contraint d’offrir des remises plus importantes à ses clients et de réduire ses stocks de produits de consommation dit non essentiels aux marges élevées. L’action Target recule 3,5%, entraînant dans son sillage Walmart, Amazon, Costco et Best Buy qui perdent de 1% à 2,2%. Le compartiment de la distribution abandonne 1,9%.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, la plupart des grands compartiments du Stoxx 600 ont fini dans le rouge, la plus forte baisse étant à l’actif des nouvelles technologies qui ont été pénalisées à la fois par des prises de bénéfices au lendemain de leur envolée et la remontée des rendements obligataires. A l’opposé l’énergie (+1,2%) a terminé en tête.
L’indice des « techs » a cédé 1,1% avec STMicroelectronics, SAP, Capgemini ou encore ASML qui ont abandonné de 0,2% à 1,3%.
Dassault Systèmes a perdu 2,3%, pénalisé par l’abaissement de la recommandation de Jefferies, qui exprime des doutes sur la capacité de l’éditeur de logiciels à tenir ses objectifs dans l’informatique dématérialisée (« cloud ») sans recourir à des acquisitions.
Dans la distribution, Marks & Spencer (-2,8%), Next (-1,1%), Kingfisher (-3,3%) ou encore Tesco (-0,9%) ont souffert après l’avertissement de Target sur sa prévision de marge pour le trimestre en cours. L’indice sectoriel sur le Stoxx 600 a fini en repli de 0,94%.
Casino, qui a, selon des sources, reçu trois offres préliminaires pour le rachat de sa filiale d’énergie renouvelable GreenYellow, a abandonné 4,1%.
SAS a chuté de 13,9%, le gouvernement suédois ayant décidé de ne plus injecter de capitaux dans la compagnie aérienne scandinave.
CHANGES
L’indice dollar, qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de grandes devises, est stable après être monté en séance à un sommet de deux semaines, soutenu par la remontée des rendements obligataires. Face au yen, il a inscrit un nouveau plus haut de 20 ans.
L’euro, en hausse de 0,05%, se traite de nouveau au-dessus de 1,07 dollar.
La livre sterling, elle, est tombée à un creux de près de trois semaines face au dollar à 1,2433, après le vote serré des députés conservateurs sur la confiance au Premier ministre britannique Boris Johnson.
TAUX
Les rendements obligataires, qui ont atteint des niveaux records en début de séance, ont légèrement reculé à la clôture des Bourses en Europe, certains analystes estimant que les hausses de taux sont déjà bien intégrées.
Le taux du Bund allemand à dix ans, qui a touché en séance un sommet de huit ans à 1,343%, a cédé quatre points de base à 1,288%. Celui à deux ans est monté en séance à un pic de 11 ans et celui à cinq ans à un plus haut de neuf ans, à respectivement 0,697% et 1,079%.
Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans, qui s’affiche à la clôture des Bourses en Europe à 2,9717%, est retombé en dessus de 3%, un niveau franchi lundi pour la première fois depuis près d’un mois.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont soutenus par les tensions sur l’offre et la perspective d’une forte demande avec l’assouplissement des restrictions sanitaires en Chine.
Le baril de Brent gagne 0,85% à 120,51 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,75% à 119,4 dollars et les deux références du pétrole pourraient clôturer au plus haut depuis respectivement le 31 mai et le 8 mars.