Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse jeudi après la publication des chiffres de l’inflation allemande, désormais à un pic de plus de 25 ans, et à Wall Street la tendance était également négative à mi-séance, les craintes de récession et de contagion des tensions financières des derniers jours au Royaume-Uni ayant repris le dessus.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 1,53% à 5.676,87 points. Le Footsie britannique a abandonné 1,77% et le Dax allemand a cédé 1,71%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 1,69%, le FTSEurofirst 300 de 1,59% et le Stoxx 600 de 1,67%.
Selon la première estimation publiée jeudi par Destatis, l’office fédéral de la statistique, l’inflation en Allemagne s’est encore accélérée en septembre avec un indice des prix à la consommation IPCH en progression de 10,9% sur un an, son niveau le plus élevé depuis 1996.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a présenté un « bouclier » de 200 milliards d’euros censé protéger les entreprises et les ménages contre l’impact de l’envolée des prix de l’énergie.
En attendant les premiers chiffres de l’inflation pour l’ensemble de la zone euro, qui seront publiés vendredi, les analystes, à l’image d’Alexander Krüger de la banque Hauck Aufhaeuser Lampe, estiment que la Banque centrale européenne (BCE), devra désormais agir « rapidement » et « vigoureusement » avec un nouveau tour de vis monétaire.
Plusieurs responsables de la BCE ont préconisé jeudi une nouvelle forte hausse des taux directeurs en octobre.
Aux Etats-Unis, où la contraction de l’économie au deuxième trimestre a été confirmée à 0,6% en rythme annualisé par rapport aux trois mois précédents, le président de la Réserve fédérale de Saint-Louis, James Bullard, a estimé que le risque de récession était élevé mais que la banque centrale américaine devait augmenter rapidement ses taux pour atteindre le niveau minimal approprié pour lutter contre l’inflation.
Le Royaume-Uni reste quant à lui plongé dans la tourmente financière, l’effet bénéfique de l’intervention mercredi de la Banque d’Angleterre ayant été de courte durée.
La Première ministre britannique, Liz Truss, a cependant défendu jeudi ses projets budgétaires, assurant qu’ils constituaient le meilleur moyen de relancer la croissance économique et de protéger ses compatriotes des conséquences de la crise énergétique.
VALEURS
Hormis les ressources de base (+0,69%), tous les grands compartiments de la cote européenne ont fini dans le rouge, le repli le plus marqué étant pour la distribution (-4,44%).
Le géant suédois de l’habillement H&M (-5,85%) a pesé sur le secteur après l’annonce d’une forte baisse de son bénéfice imposable trimestriel, en raison justement de l’inflation. Son concurrent Inditex a abandonné 1,82%.
À Paris, Orpea a chuté de 21,41% après avoir publié une perte nette semestrielle tandis qu’Accor a gagné 0,65% à la faveur du relèvement de sa prévision annuelle d’excédent brut d’exploitation.
Atos a bondi de 10,63%, le groupe ayant annoncé qu’il ne donnerait pas suite à une offre de Onepoint sur sa branche Evidian pour une valeur d’entreprise de 4,2 milliards d’euros.
Ailleurs en Europe, l’action Porsche AG a fini inchangée sa première séance de cotation, à 82,50 euros, après être montée en matinée à 86,76 euros.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 1,14%, le Standard & Poor’s 500 de 1,69% et le Nasdaq de 2,47%, la moitié des principaux secteurs du S&P-500 affichant un repli de plus de 2%.
Les groupes technologiques Amazon, Apple, Microsoft, Meta Platforms et Tesla perdent de 1,9% à 5,5%, dans un contexte de regain de l’aversion au risque, BofA Global Research ayant en outre abaissé sa recommandation sur Apple à « neutre » contre « acheter ».
Les compagnies aériennes américaines reculent également, à l’instar de Southwest Airlines (-1,91%), United Airlines Holdings (-2,38%) et Delta Air Lines (-3,32%), après l’annulation ce jeudi de près de 2.000 vols en raison de l’ouragan Ian.
LES INDICATEURS DU JOUR
Les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont contre toute attente diminué la semaine dernière, à 193.000 contre 209.000 (révisé) la semaine précédente. [ZON006FJ4]
CHANGES
Sur le marché des changes, le dollar cédait au moment de la clôture des Bourses européennes 0,23% face un panier de devises de référence.
L’euro, en hausse de 0,43%, se traite à 0,9776 dollar.
La livre sterling remonte plus nettement face au billet vert, à 1,106 (+1,59%) après les déclarations de Huw Pill, chef économiste de la BoE, selon lesquelles le nouveau programme d’achat d’obligations britanniques ne vise pas à plafonner les rendements ou à faire baisser les coûts d’emprunt de l’Etat mais à remédier aux dysfonctionnements du marché.
TAUX
Les rendements obligataires en Europe ont fini en forte hausse, l’attention des investisseurs étant de nouveau focalisée sur l’inflation.
Celui du Bund allemand à dix ans, référence pour l’ensemble de la zone euro, a pris 6,5 points de base à 2,21% et celui du « gilt » britannique de même échéance a bondi de 12,9 points à 4,136%.
Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor à dix ans prend un peu plus de deux points, à 3,73%.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont volatils, les investisseurs hésitant entre les craintes sur la demande et une possible baisse de la production de l’Opep+.
A la clôture en des Bourses en Europe, le Brent abandonne 0,12% à 89,43 dollars le baril après être monté en séance au-dessus de 90 dollars. Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend en revanche 0,4% à 82,48 dollars le baril.