Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse mardi après l’annonce d’une hausse inattendue des prix à la consommation aux Etats-Unis, qui a remis en cause les anticipations de taux et ravivé les craintes de récession, jetant un froid sur des marchés entraînés depuis plusieurs jours par un regain d’optimisme.
À Paris, le CAC 40, qui progressait de près de 1% en début d’après-midi, a fini en repli de 1,39% (87,9 points) à 6.245,69 points. À Londres, le FTSE 100 a reculé de 1,09% et à Francfort, le Dax a cédé 1,59%.
L’indice EuroStoxx 50 a abandonné 1,65%, le FTSEurofirst 300 1,37% et le Stoxx 600 1,55%.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street, qui restait sur quatre séances de hausse d’affilée, s’enfonçait dans le rouge, le Dow Jones perdant 2,78%, le Standard & Poor’s 500 3,17% et le Nasdaq Composite 4,07%.
Alors que le consensus les attendait en légère baisse, les prix à la consommation aux Etats-Unis ont augmenté de 0,1% le mois dernier, et leur hausse en rythme annuel a ralenti moins qu’attendu, à 8,3%.
Ces chiffres ont conduit les investisseurs à revoir en nette hausse les anticipations d’évolution des taux d’intérêt américains tout comme le risque de voir le resserrement de la politique freiner l’activité économique.
À huit jours des prochaines décisions de la Réserve fédérale, la probabilité estimée d’un relèvement de trois quarts de point du taux des fonds fédéraux atteint ainsi 79% et celle d’un relèvement plus important encore, de 100 points de base, ressort à 21% selon le baromètre en temps réel FedWatch.
Or une hausse de 75 points de base suffirait à porter les taux à un niveau que la majorité des observateurs jugent susceptible de peser sur la croissance économique et de faire remonter le chômage.
Le CPI d’août reflète « une décélération des pressions sur les prix de base d’une lenteur frustrante », estiment dans une note Frederik Ducrozet, directeur de la recherche macroéconomique, et Thomas Costerg, économiste senior de Pictet Wealth Management.
TAUX
La publication des statistiques américaines a déclenché une envolée immédiate des rendements des bons du Trésor américain, qui s’est à peine atténuée au fil des heures: le deux ans, qui avoisinait 3,51% en début de journée, est remonté à 3,7518% et le dix ans est passé de moins de 3,3% à plus de 3,43%.
Les rendements européens ont suivi le mouvement: le dix ans allemand a fini la journée en hausse de plus de huit points de base à 1,727%.
Ils étaient déjà orientés à la hausse avant les chiffres américains, tirés par la révision de l’inflation en Espagne en août à 10,5% sur un an et par l’impact des adjudications du jour en zone euro, d’un montant total de plus de 20 milliards d’euros.
CHANGES
Le dollar a lui aussi profité à plein des chiffres du CPI américain: alors qu’il cédait encore du terrain avant leur publication, il affiche désormais un bond de 1,13% face à un panier de référence.
L’euro retombe tout près de la parité avec le billet vert contre près de 1,02 dollar au plus haut du jour.
VALEURS
En Europe, aucun des grands secteurs de la cote n’a échappé au repli général et parmi les baisses les plus marquées, celui de l’immobilier a cédé 3,86%, celui des hautes technologies 3,21% et celui de la construction 2,49%.
Le compartiment de la distribution a quant à lui perdu 3,46%, les valeurs britanniques ayant souffert des derniers chiffres de Kantar sur les ventes du secteur, dans lesquels plusieurs analystes ont vu la confirmation d’un ralentissement de la consommation: Tesco a cédé 3,08% et Sainsbury 1,59%.
Ocado, qui a chuté de 14,59%, a aussi souffert de la révision à la baisse des prévisions de sa coentreprise avec Marks & Spencer (-3,79%).
En hausse, UBS a gagné 0,68% après avoir annoncé un relèvement de son dividende et évoqué un possible dépassement de son objectif de rachats d’actions.
PÉTROLE
Le marché pétrolier n’échappe pas à la baisse générale du sentiment de marché provoquée par l’inflation américaine, d’autant que celle-ci s’ajoute aux incertitudes persistantes sur les restrictions sanitaires en Chine.
Le Brent abandonne 1,78% à 92,33 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,52% à 86,45 dollars.