Les négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni sur un accord commercial après le Brexit risquent de franchir les lignes rouges fixées par Bruxelles, a averti jeudi un diplomate européen alors que les discussions s’accélèrent.
La période de transition qui a suivi la sortie formelle du Royaume-Uni de l’Union européenne s’achève le 31 décembre mais, à une semaine du conseil européen des 10 et 11 décembre, les deux parties espèrent toujours parvenir à un compromis pour éviter une sortie désordonnée.
Depuis des semaines, les principaux points de désaccord entre Londres et Bruxelles portent sur la pêche, les règles de concurrence et les mécanismes de règlement des litiges.
Jeudi matin, de sources diplomatiques européennes, on exprimait l’espoir d’un accord sur l’après-Brexit vendredi ou au cours du week-end, alors que les deux chefs des négociations, Michel Barnier côté UE et David Frost côté britannique, s’apprêtent à faire le point sur les discussions. Selon une autre source, les 24 ou 48 prochaines heures seront “cruciales”.
“Nous ne sommes pas encore à quelques heures d’un accord, ce sur quoi nous devons nous entendre est encore très substantiel”, a cependant averti le diplomate à Bruxelles, ajoutant qu’il existait toujours des divergences majeures sur le dossier de la pêche et que le bloc ne pouvait accepter les propositions britanniques sur les aides publiques.
Tout accord entre négociateurs devra être approuvé par les 27 Etats membres et le Parlement européen. Or la France, la Belgique et les Pays-Bas ne cessent de répéter qu’une sortie désordonnée du Royaume-Uni serait préférable à un mauvais “deal”.
“Sur le plan économique, la question des règles de concurrence est capitale. Sur le plan politique, la pêche est très importante”, a commenté le diplomate interrogé par Reuters.
“Nous sommes à quelques millimètres des lignes rouges”, a-t-il ajouté. “Nous avons atteint un point où nous sommes tellement près des limites de notre mandat que nous avons besoin d’un mouvement de la part du Royaume-Uni pour conclure un accord.”
Le ministre irlandais des Affaires étrangères a jugé jeudi qu’il y avait de bonnes chances qu’un accord soit conclu dans les jours qui viennent à condition de “garder son sang-froid”.
“Il faut garder notre sang-froid et faire confiance à Michel Barnier. Si nous le faisons, il y a de bonnes chances que nous puissions conclure un accord dans les prochains jours. Il n’y aura plus de prolongations. Il n’y aura pas de délai supplémentaire”, a dit Simon Coveney sur les ondes de la radio irlandaise Newstalk.
Les discussions sur la pêche s’avèrent “vraiment difficiles”, a ajouté le chef de la diplomatie irlandaise.
Le ministre britannique de l’Education, Gavin Williamson, a quant à lui soufflé le chaud et le froid sur l’antenne de Sky News.
“Nous avons bien progressé mais nous allons conclure un accord qui est bon pour la Grande-Bretagne, si un tel accord est possible. Dans le cas contraire, nous ne signerons pas un accord à notre détriment”, a-t-il dit.