La Banque centrale européenne (BCE) doit relever ses taux à un niveau qui commence à brider la croissance et leur pic dépendra de la réaction de l’économie au cycle de resserrement monétaire, a déclaré mardi Philip Lane, économiste en chef de la BCE.
La banque centrale a déjà relevé ses taux de 250 points de base au total depuis juillet pour tenter d’enrayer une flambée historique de l’inflation, mais ses responsables ont souligné qu’il fallait en faire plus pour que la hausse des prix revienne à l’objectif de 2% d’ici 2025 environ.
« Nous devons augmenter davantage les taux », a déclaré Philip Lane dans une interview au Financial Times. « L’année dernière, nous pouvions dire qu’il est clair que nous devons porter les taux à des niveaux plus normaux et maintenant nous disons, en fait, nous devons les amener en territoire restrictif. »
Alors que les marchés anticipent un taux de dépôt, actuellement à 2%, culminer autour de 3,3% cet été, Philip Lane s’est montré plus prudent, affirmant que la réponse des entreprises, des ménages et des gouvernements aux mesures de la BCE sera déterminante.
Il a également déclaré que les gouvernements de la zone euro devront jouer un plus grand rôle dans la lutte contre l’inflation.
« Les gouvernements doivent également réduire les déficits élevés qui subsistent », a-t-il déclaré. « Un ajustement budgétaire significatif sera nécessaire dans les années à venir ».
L’inflation diminuera rapidement cette année, mais cela sera dû en grande partie à un « effet de base » et la difficulté sera peut-être de garantir la phase finale de la désinflation.
« La question est de savoir comment passer d’un taux moyen de 3% à la fin de 2023 à l’objectif de 2% en temps voulu », a indiqué l’économiste. « C’est là que la politique de taux va être importante (…) pour s’assurer que le dernier kilomètre pour un retour à l’objectif soit réalisé. »
Une fois que les taux seront suffisamment élevés pour restreindre la croissance, la BCE devra trouver un équilibre entre le risque d’en faire trop et celui d’en faire trop peu et cette question pourrait s’éterniser pendant « l’année ou les deux années à venir », a-t-il ajouté.