L’inflation dans la zone euro diminuera l’année prochaine, bien qu’à un rythme plus lent que prévu, ce qui implique que les conditions préalables à un relèvement de taux en 2022 ne seront pas réunies, ont déclaré vendredi plusieurs dirigeants de la Banque centrale européenne.
La BCE est sous pression pour normaliser sa politique monétaire ultra-accommodante afin de contrer la flambée de l’inflation et les marchés tablent sur une hausse de 10 points de base du taux de dépôt en octobre de l’an prochain, un scénario que l’institution s’est gardée de valider à l’issue de sa réunion la semaine dernière.
Le taux d’inflation dans la zone euro a atteint 4,1% sur un an en octobre, au plus haut depuis juillet 2008, et représente plus du double de l’objectif de la BCE.
Le vice-président de cette dernière, Luis de Guindos, et les membres du Conseil des gouverneurs Robert Holzmann et Yannis Stournaras ont déclaré vendredi que l’inflation devrait refluer l’an prochain, faisant écho aux récentes déclarations de la présidente Christine Lagarde.
Robert Holzmann, considéré comme l’un des membres les plus conservateurs du Conseil, a déclaré qu’une hausse des taux en 2022 pourrait même être contre-productive et que, sur la base des orientations actuelles, elle était peu probable.
Luis de Guindos a toutefois averti que l’inflation reculerait plus lentement qu’attendu par la BCE, avec le risque que certains facteurs de hausse deviennent plus durables.
« C’est essentiellement et principalement transitoire mais si les problèmes d’offre durent plus longtemps que prévu, cela peut affecter la vitesse et l’intensité de la baisse des prix », a-t-il dit lors d’un événement à Madrid.
« Il est donc essentiel de surveiller les effets de second tour, qui ne se sont pas encore manifestés sur le marché du travail mais qui pourraient commencer à le faire », a-t-il ajouté.
Robert Holzmann a par ailleurs souligné que si le coût du logement pour les propriétaires occupants était inclus dans le calcul de l’évolution des prix, l’inflation pourrait être supérieure de 0,5 point de pourcentage aux chiffres actuels.
Selon de précédentes estimations, la prise en compte du coût du logement accroîtrait de 0,2 à 0,3 point de pourcentage le taux d’inflation mais les propos de Robert Holzmann suggèrent que la faiblesse des taux pousse actuellement les prix du logement à la hausse.