L’économie de la zone euro se trouve face à une menace grandissante : la résurgence d’une guerre commerciale mondiale orchestrée par le retour de l’administration Trump à la Maison-Blanche en janvier dernier. Selon les estimations de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, ce regain de tensions commerciales pourrait impacter significativement la trajectoire de croissance de la région, avec une amputation potentielle d’au moins 0,25 point de pourcentage en 2025. Cet avertissement, formulé dans un contexte d’escalade des mesures protectionnistes, souligne la vulnérabilité de l’Europe face aux soubresauts du commerce international.
Dans une communication directe et solennelle, adressée ce mercredi aux plus hautes instances de la République française – le Président de la République, le Président de l’Assemblée nationale et le Président du Sénat – François Villeroy de Galhau exprime sa profonde inquiétude face à ce qu’il qualifie de « basculement historique » du commerce international. Il met en lumière la possible fin d’un ordre économique mondial qui, pendant plusieurs décennies, a été structuré autour des principes fondamentaux du libre-échange et de la coopération multilatérale. Cette perspective d’un changement de paradigme commercial global soulève des questions cruciales quant à la future configuration des échanges et à la résilience des économies face à un environnement international plus fragmenté et conflictuel.
L’élément déclencheur de cette alerte est l’entrée en vigueur, ce même mercredi, de nouveaux droits de douane dits « réciproques » imposés par les États-Unis. Cette décision marque une intensification notable des tensions commerciales à l’échelle mondiale. Les premières répercussions de cette mesure protectionniste ont été immédiates, se traduisant par une chute significative des marchés financiers internationaux. Cette instabilité des marchés ravive les craintes d’un ralentissement économique d’envergure planétaire, dont les conséquences pourraient se faire sentir bien au-delà des nations directement impliquées dans les différends commerciaux. Pour les pays membres de la zone euro, l’impact de cette guerre commerciale pourrait varier considérablement en fonction de leur degré d’ouverture aux échanges internationaux et de leur intégration au sein des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Cependant, dans ce panorama économique international assombri, François Villeroy de Galhau apporte une nuance importante concernant la France. Selon les analyses de la Banque de France (BdF), l’effet de cette guerre commerciale devrait être « relativement moindre en France » par rapport à d’autres économies de la zone euro. La Banque de France maintient ainsi sa prévision centrale d’une sortie progressive de l’inflation, anticipant que ce processus ne devrait pas s’accompagner d’une récession économique. La BdF prévoit ensuite une reprise modérée de l’activité économique. Il est crucial de souligner que ce scénario optimiste pour l’économie française reste intrinsèquement lié à l’évolution des tensions internationales et à l’absence d’une escalade majeure des conflits commerciaux.
Fort de son rôle de membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), François Villeroy de Galhau lance un appel pressant à une « mobilisation générale » des institutions européennes. Il met en garde contre le risque d’une fragmentation accrue du système monétaire international, un danger exacerbé par les tensions géopolitiques actuelles. Toutefois, il perçoit également dans cette période de redéfinition des équilibres monétaires mondiaux une opportunité stratégique pour renforcer le rôle international de l’euro. Une action coordonnée au niveau européen pourrait permettre de consolider la position de l’euro comme monnaie de référence dans un contexte international en pleine mutation.
Enfin, dans un entretien accordé au journal Le Monde, publié également ce mercredi, François Villeroy de Galhau a abordé la question de la politique monétaire de la BCE. Il a déclaré qu' »il y a encore une marge de baisse des taux » au sein de l’institution monétaire européenne. Il souligne que les développements économiques observés depuis le 2 avril dernier plaident en faveur d’une réduction prochaine des taux directeurs. Cette perspective d’un assouplissement monétaire intervient à l’approche de la prochaine réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne, prévue pour le 17 avril. Ce rendez-vous est particulièrement attendu par les marchés financiers, qui scruteront attentivement les indications de la BCE quant à sa future orientation en matière de taux d’intérêt dans un contexte économique global incertain.