La zone euro aborde l’année 2025 avec un mélange complexe de défis et d’opportunités. Malgré une résilience affichée en 2024, la croissance économique montre des signes de ralentissement, confrontée à une multitude d’incertitudes tant internes qu’externes. L’analyse qui suit détaille les principaux facteurs influençant les perspectives économiques de la région.
Une Croissance Freinée par des Facteurs Multiples
L’année 2024 a démontré une certaine robustesse de l’économie de la zone euro, mais cette dynamique semble s’essouffler. L’augmentation de l’épargne des ménages, amorcée en 2024, a eu un impact direct sur la consommation, malgré un contexte de désinflation. L’activité économique a été principalement soutenue par les dépenses publiques, le commerce extérieur et des événements ponctuels tels que les Jeux olympiques. Cependant, les incertitudes politiques, tant au niveau national qu’international, devraient continuer à peser sur la croissance en 2025.
Sur le plan structurel, la zone euro continue de souffrir d’un déficit de compétitivité, un constat partagé par de nombreux rapports économiques récents. De plus, la possible mise en place de droits de douane par une nouvelle administration Trump représente une menace supplémentaire pour les échanges commerciaux. Bien que des mesures compensatoires, telles qu’un assouplissement de la politique monétaire et un marché du travail encore relativement solide, puissent atténuer ces effets, l’augmentation probable du chômage en 2025 pourrait exercer une pression supplémentaire sur la demande intérieure.
Demande Intérieure Sous Tension et Consommation Prudente
La consommation intérieure demeure un point faible, confrontée à des vents contraires persistants. Face à un environnement économique globalement incertain, les entreprises privilégient la préservation de leur rentabilité en limitant la croissance des coûts salariaux unitaires. Cette stratégie se traduit par une augmentation modeste des salaires réels et une potentielle baisse de l’emploi, contribuant ainsi à une hausse attendue du chômage en 2025.
Malgré un niveau d’épargne confortable chez les ménages, les effets de richesse limités et la perspective d’une augmentation du chômage devraient inciter les consommateurs à la prudence. Bien que la confiance des consommateurs ait légèrement progressé en 2024 grâce à la désinflation, elle reste significativement inférieure aux niveaux observés avant la pandémie, signalant une hésitation persistante à consommer.
Incertitudes et Investissements en Berne
Les entreprises de la zone euro sont confrontées à une faible demande et à des conditions de crédit qui demeurent restrictives. Ces facteurs, combinés à un climat d’incertitude persistant, pèsent lourdement sur les décisions d’investissement. Bien que l’initiative « Next Generation EU » continue de stimuler certains investissements dans les domaines de la transition verte et numérique, la croissance globale des dépenses d’investissement devrait rester modeste.
Du côté des ménages, l’investissement résidentiel est également atone, freiné par des perspectives économiques incertaines. De plus, les tensions commerciales internationales, notamment avec les États-Unis et la Chine, pourraient avoir un impact négatif sur les exportations de la zone euro.
Politique Budgétaire et Désinflation
Après avoir soutenu l’activité économique en 2024, la politique budgétaire devrait devenir plus restrictive dans plusieurs États membres, notamment en France et en Italie, où des ajustements budgétaires importants sont prévus. Bien que la répartition des fonds du programme NGEU (807 milliards d’euros prévus jusqu’en 2027) reste favorable à certains pays, le rythme de décaissement est inégal. À ce jour, seuls 257 milliards d’euros ont été versés, limitant ainsi la marge de manœuvre pour compenser les ajustements fiscaux.
Sur le front de l’inflation, les récentes baisses des prix de l’énergie ont accéléré la désinflation. Cette tendance devrait se poursuivre en 2025, avec une baisse estimée de 3 à 4 % des prix de l’électricité, selon les prévisions de la BCE. Parallèlement, une décélération progressive de l’inflation des services est également attendue, en raison de la faiblesse des augmentations salariales.
Politique Monétaire et Risques
La BCE, après avoir entamé une baisse des taux d’intérêt en 2024, devrait poursuivre cette tendance avec une réduction supplémentaire de 75 points de base en 2025. Cependant, les conditions financières resteront restrictives à court terme. Le resserrement quantitatif en cours pourrait être interrompu plus tôt que prévu, probablement dès la fin 2025, afin de soulager les tensions sur la liquidité.
Plusieurs risques orientés à la baisse pèsent sur les perspectives économiques de la zone euro. Les incertitudes géopolitiques et les tensions commerciales internationales pourraient exacerber les pressions économiques. Une augmentation du chômage plus brutale que prévu constituerait une menace majeure pour la consommation. Enfin, une dépréciation de l’euro face au dollar, conséquence potentielle des mesures protectionnistes américaines, pourrait générer un risque inflationniste pour la zone euro.
En conclusion, la zone euro aborde l’année 2025 avec des perspectives mitigées. Bien que certains ajustements monétaires et budgétaires puissent offrir des opportunités, les incertitudes structurelles et conjoncturelles appellent à la prudence dans les prévisions économiques.