L’inflation en zone euro est tombée à son plus bas niveau en près de quatre ans en septembre, ce qui alimente les craintes de spirale déflationniste dans la foulée du choc économique provoqué par la pandémie de coronavirus.
Ces chiffres mettent la pression sur la Banque centrale européenne (BCE), confrontée à la menace de voir l’inflation demeurer en dessous de son objectif dans les années à venir, et pourrait la contraindre à annoncer en décembre des mesures supplémentaires de soutien monétaire.
Les prix à la consommation dans les 19 pays partageant l’euro ont reculé de 0,3% sur un an le mois dernier, selon l’estimation “flash” publiée vendredi par Eurostat. Il s’agit du plus fort repli observé depuis avril 2016.
Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur un repli de 0,2% sur un an.
D’un mois à l’autre, les prix à la consommation ont progressé de 0,1%.
Les prix de l’énergie ont chuté de 8,2% sur un an en septembre après un repli de 7,8% en août. Les prix des biens industriels non liés à l’énergie ont aussi reculé, de 0,3% après -0,1% en août.
En excluant les éléments volatils que sont l’énergie et l’alimentaire non transformé – une mesure dite d’inflation “core” -, les prix ont progressé de 0,4% sur un an.
Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur une progression de 0,8%.
Une mesure d’inflation encore plus resserrée, qui exclut également les prix du tabac et de l’alcool, montre une hausse de 0,2% des prix sur un an.
LA BCE POURRAIT ADOPTER UN OBJECTIF PLUS FLEXIBLE
L’inflation dans la zone euro se situe donc loin de l’objectif de la Banque centrale européenne qui vise une inflation proche de 2% à moyen terme.
“L’inflation demeurera négative pour le reste de l’année”, a déclaré le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, dans un discours publié juste après la publication des chiffres de septembre.
L’institut d’émission a déployé des mesures de soutien sans précédent pour combattre le choc économique provoqué par la crise sanitaire.
La hausse du chômage, l’augmentation de l’épargne, les restrictions sur les déplacements et la baisse des investissements des entreprises continuent cependant de peser sur les prix.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a évoqué mercredi la possibilité que la banque centrale suive l’exemple de la Réserve fédérale américaine en adoptant un objectif d’inflation plus flexible.
Pour rappel, la Fed a annoncé fin août qu’elle viserait une hausse des prix de 2% par an en moyenne sur la durée, si besoin en laissant filer pendant “un certain temps” les prix à la hausse pour compenser des périodes d’inflation inférieures à l’objectif.
L’euro a creusé ses pertes face au dollar après la publication des chiffres de l’inflation dans la zone euro en septembre. Il cède 0,2% à 1,1725 vers 12h00 GMT.