La hausse des prix à la consommation dans la zone euro a inscrit en avril un nouveau record qui risque de compliquer un peu plus la tâche de la Banque centrale européenne (BCE), déjà préoccupée par le risque de voir l’inflation s’ancrer durablement et enclencher une spirale haussière prix/salaires difficile à enrayer.
L’indice des prix à la consommation calculé aux normes européennes (IPCH) affiche une hausse de 7,5% sur un an, montre la première estimation publiée vendredi par Eurostat, un chiffre conforme à la médiane des estimations du consensus Reuters. Il avait augmenté de 7,4% en mars.
Les prix de l’énergie restent le principal moteur de la hausse générale des prix mais leur envolée s’est légèrement ralentie, à 38,0% par rapport à avril 2021 après un bond de 44,4% en mars.
La hausse des prix de l’alimentation, de l’alcool et du tabac s’est au contraire accélérée pour atteindre 6,4% sur un an, après +5,0% en mars, tout comme celle des biens industriels hors énergie (+3,8% après +3,4%) et celles des services (+3,3% après +2,7%), précise Eurostat.
Le taux d’inflation hors énergie et produits alimentaires non transformés, le plus surveillé par la Banque centrale européenne (BCE), atteint ainsi 3,9% sur un an après 3,2% le mois dernier.
Une mesure plus étroite encore, qui exclut aussi l’alcool et le tabac, est en hausse de 3,5% après +2,9%.
Ces deux chiffres sont supérieurs aux attentes.
La BCE, qui a fait de la lutte contre l’inflation sa priorité, devrait réduire encore son soutien à l’économie et au crédit à l’issue de sa prochaine réunion de politique monétaire, le 9 juin, malgré le ralentissement de la croissance et la dégradation de la confiance des ménages liées à la guerre en Ukraine.
Elle pourrait ainsi arrêter ses achats d’obligations sur les marchés dès le mois de juillet, puis envisager une première hausse de ses taux d’intérêt directeurs avant la fin du troisième trimestre, puis une deuxième en fin d’année.
Les dirigeants de l’institution redoutent avant tout que les anticipations d’inflation à plus long terme dépassent nettement leur objectif de 2%, ce qui traduirait une dégradation de la confiance des agents économiques dans la capacité de la banque centrale à assurer la stabilité des prix, son principal mandat.
Sur les marchés monétaires, le taux d’inflation « à cinq ans dans cinq ans », principal baromètre des anticipations d’inflation à long terme des investisseurs, dépasse actuellement 2,5%.
Les marchés anticipent parallèlement un relèvement de 90 points de base des taux de la BCE cette année, soit trois ou quatre hausses au total, ce qui ramènerait son taux de dépôt, aujourd’hui fixé à -0,5%, en territoire positif pour la première fois depuis 2014.