Les anticipations d’inflation dans la zone euro ont atteint vendredi de nouveaux plus hauts de plus de sept ans, ce qui favorise la remontée des rendements obligataires à moins d’une semaine de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).
Les pénuries de main-d’œuvre et de semi-conducteurs, la hausse des prix des carburants, du transport maritime ou encore des matériaux de construction sur fond de reprise économique poussent de plus en plus d’entreprises à répercuter sur leurs clients l’augmentation de leurs coûts, ce qui alimente l’inflation globale.
Le point mort d’inflation à dix ans allemand, qui mesure l’écart entre le rendement d’une obligation classique et celui d’un titre comparable indexé sur l’inflation, a atteint 1,81% en début de séance, son plus haut niveau depuis avril 2013.
Son équivalent sur le marché américain est au plus haut depuis août 2006, à 2,64%.
« Ce qu’il faut remarquer aussi, c’est que la hausse des anticipations d’inflation n’est pas uniquement concentrée sur les prochaines années puisque les swaps d’inflation à cinq ans dans cinq ans, qui mesurent les anticipations pour une période de cinq ans débutant dans cinq ans, ont aussi nettement augmenté », souligne Jim Reid, stratège de Deutsche Bank.
Le taux d’inflation « à cinq ans dans cinq ans » auquel il fait référence est au plus haut depuis septembre 2014 à 1,9979%.
Les rendements des emprunts d’Etat de référence suivent le mouvement: celui du Bund allemand à dix ans, à -0,087%, est au plus haut depuis près de cinq mois, tout comme son équivalent français, à 0,248%.
La BCE devrait laisser sa politique monétaire inchangée à l’issue de la réunion de son Conseil des gouverneurs jeudi prochain mais sa présidente, Christine Lagarde, pourrait devoir préciser son diagnostic sur le caractère « temporaire » de la poussée inflationniste en cours.