L’inflation dans la zone euro a atteint en mai son plus haut niveau historique à 8,1% sur un an, a confirmé vendredi Eurostat, un chiffre plus de quatre fois supérieur à l’objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE) et qui devrait la conforter dans sa volonté de relever les taux d’intérêt.
Liée initialement aux pénuries provoquées par la pandémie et à l’envolée des prix de l’énergie à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’inflation se propage progressivement à de nombreux secteurs de l’économie, de l’alimentation aux services en passant par les produits de consommation courante.
La hausse des prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique a ainsi bondi à 8,1% en rythme annuel, un chiffre inchangé par rapport à la première estimation publiée le 31 mai, après +7,4% en avril. Par rapport à avril, elle ressort à 0,8%.
L’inflation dite de base, qui exclut les prix de l’énergie et des produits alimentaires non-transformés, s’est elle aussi accélérée à 4,4% après 3,9% le mois précédent. Et une mesure plus étroite encore qui exclut également l’alcool et les produits du tabac affiche une hausse de 3,8% par rapport à mai 2021, contre +3,5% en avril,
Si les prix de l’énergie, avec un bond de 39,1% sur un an, restent le principal moteur de l’inflation, ceux des produits alimentaires non-transformés affichent une hausse de 9%, ceux des biens industriels hors énergie une augmentation de 4,2% et ceux des services un gain de 3,5%.
Préoccupée depuis plusieurs mois par cette évolution, la BCE a annoncé la semaine dernière qu’elle prévoyait de relever ses taux d’intérêt directeurs d’un quart de point en juillet et qu’elle les augmenterait de nouveau en septembre, une deuxième hausse qui pourrait être plus importante si les perspectives d’inflation ne se sont pas améliorées d’ici-là.
Son taux de dépôt, actuellement fixé à -0,5%, devrait donc remonter à zéro ou au-delà avant l’automne après huit ans passés en territoire négatif.
La majeure partie des autres grandes banques centrales ont déjà engagée la remontée de leurs taux d’intérêt, à commencer par la Banque d’Angleterre et la Réserve fédérale américaine, ce qui fait craindre à certains observateurs que la BCE prenne du retard dans la lutte contre l’inflation.
Le risque est que des effets de « second tour », soit la propagation de la hausse des prix à l’ensemble de l’économie, ne favorise un ancrage durable des anticipations d’inflation, éventuellement par l’intermédiaire d’une spirale salaires-prix qui serait difficile à enrayer.
Les hausses de salaires restent pour l’instant relativement contenues dans la zone euro mais la BCE s’attend à ce qu’elles dépassent 4% cette année et l’an prochain, soit le double de leur moyenne historique.
L’institution dirigée par Christine Lagarde a relevé ses prévisions d’inflation, à 6,8% pour cette année, 3,5% pour 2023 et 2,1% pour 2024 mais ces projections s’appuient sur l’hypothèse d’un pic autour de 7,5%, un niveau déjà dépassé le mois dernier.